lundi 11 avril 2011

22 V'là l'Printemps !!!

    C'est dire s'il se seront fait attendre, mais les beaux jours sont enfin arrivés au Québec ! Du coup les fringues d'hiver sont soldées à droite à gauche, les stations de Vélib' fleurissent à tout les coins de rue (elles hibernent l'hiver, pédaler dans 50cm de poudreuse n'est pas du goût de tout le monde), et les premières terrasses ont rapidement fait leur apparition. Aucune comparaison possible avec la France bien entendu, mais au moins j'ai pu me trimballer en chemise dehors, sous les regards circonspects des locaux, qui à l'inverse ne semblent pas du tout gênés de garder une doudoune en plein soleil par 15°C ... paraît même qu'on atteindra 23°C ce Lundi 11 Avril ! De quoi voir les tenues "ras la belette" poindre le bout de leur nez !

Rue Ste Catherine, Le Village, 9 Avril 2011

    En ce qui concerne les jobs, j'ai fini ma mission auprès de l'Ordre des infirmiers/infirmières, et de deux semaines prévues au départ, j'ai finalement travaillé quatre semaines complètes. Alors bien sûr, c'était un travail pépère et assez bien rémunéré pour un job de PVTiste, mais le degré de réflexion nécessaire à la tâche étant proche du néant absolu, chaque journée terminée était un vrai soulagement ! Premièrement, le temps ne m'a jamais paru s'écouler aussi lentement ... où comment réinventer les lois de la physique le cul sur une chaise, un carnet de formation dans la main, et les yeux rivés sur un écran à tenter d'améliorer sans cesse mon "rendement" et ma vitesse de frappe. 

             8h29: Arrivée ... 8h30: Logiciel ouvert ... 8:31: j'en ai marre ...

    Le plus pénible est surtout d'avoir le sentiment, justifié, de ne rien apporter dans mon travail, ce qui entraîne une frustration permanente. Pourtant, mes anciens jobs de serveur en Espagne et d'assistant d'attraction à Portaventura, pourtant pas des plus évolués non plus, me permettaient au moins d'y mettre du mien, de laisser ma "patte" personnelle grâce à quoi je pouvais voir que les gens à qui j'avais affaire repartaient satisfaits, et avec le sourire. Ici, rien de tout ça, enfermé que j'étais dans un petit bureau sur-climatisé (merci pour le rhume) et sans fenêtre, juste une suite de caractères saisis sur un clavier dont l'appui sur la touche entrée venait me rappeler, tel un couperet, les centaines de rapports encore à traiter. Une femme qui s'appelait Hélène travaillait avec moi dans le bureau, et elle connaissait déjà bien ce "jour de la marmotte", équivalent Québécois du jour sans fin, où chaque jour vécu est identique au précédent. Elle passait d'ailleurs beaucoup d'heures à travailler ici, négligeant sa santé tout en partageant son temps avec ses cours à l'université pour devenir prof et essayer de s'en sortir afin d'offrir un meilleur avenir à sa fille de 12 ans, qu'elle élève seule depuis que son copain l'a quittée du jour au lendemain alors qu'elle était enceinte de 4 mois ... une histoire assez dure, comme tant d'autres... une vie qui ne fait pas de cadeaux, comme à tant d'autres ... mais un sourire simple et sincère doublé d'un pragmatisme que tant d'autres envieraient.

    Le personnel était en revanche vraiment sympa, j'avais par contre l'impression d'être l'attraction du siècle quand je suis arrivé pour la première fois: en effet j'étais le premier gars à venir travailler dans le mini service des formations/admissions depuis des mois et des mois, c'est dire comme ça gloussait sévère en se mettant en mode radio potins ! 
    Mais au final, cette expérience m'a permis de relativiser les tâches au travail, et de me rendre compte une nouvelle fois avec quelle vitesse le monde du travail évolue ici. En effet, je travaillais depuis 7 jours à peine, que je me suis retrouvé assis dans le bureau du directeur de l'Ordre, à me faire offrir une proposition d'emploi pour un an, en vue de remplacer la chargée de relation aux admissions et validation des diplômes (rien à voir avec les tâches répétitives) qui partait en congés maternité. Là encore, un emploi ne s'obtient peut-être pas autant sur son CV qu'en France (la preuve, ni l'administratif ni la santé ne font partie de mon cursus), mais bien sur la capacité à s'adapter, sur le terrain, en situation concrète. C'est surtout le côté hyper rapide de la démarche qui m'a laissé bouche bée. D'ailleurs au Québec, aucun préavis légal n'est imposé par la loi au salarié qui pose sa démission, et de même côté employeur, les préavis de licenciement pour des salariés "relativement" récents dans une entreprise sont réduits. Entre avantages et inconvénients, il faut faire la part des choses dans le système, mais il en résulte un marché du travail hyper-dynamique, et contrairement aux USA, les protections sociales sont importantes au Canada.

    A peine la porte de l'Ordre des infirmiers franchis pour la dernière fois, je me dirige aussitôt vers une agence d'intérim qui m'a trouvé un poste encore mieux rémunéré et tout à fait différent: support clientèle dans organisme financier. Je démarre le 18 Avril pour une semaine de formation, et si tout se déroule bien, j'aurai à répondre à des appels entrants de clients ayant contracté des crédits et autres cartes de paiement, répondre à leurs questions, suivre leur dossier, et tenter de les fidéliser en les incitant à souscrire à des services supplémentaire. Et oui je vais enfiler ma cape, mes oreilles pointues et ma fourche du vilain diable chantre du capitalisme dérégularisé ... ça risque d'être intéressant. 
Mais il y a un (petit ... gros ?) hic: c'est un poste bilingue ! Je verrai bien ce que ça donnera, et ce job sera finger in the nouze ou ne sera pas !


     A part ça on est désormais 5 dans la coloc, depuis l'arrivée de Lydie et Nicolas de ... TOULOUSE ! Very small world huh ? Super ambiance, c'est encore mieux à plusieurs (rien de sous-entendu ...). Paraîtrait même qu'on s'apprête à accueillir un 6ème habitant ... petit ... très petit ... avec de grandes oreilles (non, non pas Sarko ahahah que c'est drôle...). Normalement, les photos sont pour bientôt !

    Et comme on ne perd pas de temps, on est partis à Boston les 2 et 3 Avril dernier pour (re)découvrir une ville au charme indéniable, savant mélange de culture Américaine et Européenne. Mais qui dit road trip, aussi court soit-il, dit voiture (ou char en version Québécoise) ! Et pas n'importe laquelle, jugez plutôt:

Dodge Journey 8 places
    Levé 5 heures du mat', Montréal dort encore à poings fermés, le soleil se lève dans la brume matinale et vient délicatement esquisser le skyline des buildings encore vierges de toute l'agitation du centre-ville. Nous enjambons le St-Laurent, direction les USA à travers un paysage encore flétri de l'hiver qui s'accroche comme il le peut en parsemant les collines et les plaines de son petit duvet, comme pour rappeler à qui veut bien l'entendre que le Printemps nouveau reste encore bien frêle sur ses petites branches fragiles ...

     Arrive le moment de la frontière Américaine, avec le traditionnel formulaire à remplir, le scan digital des empreintes, et la photographie. Je passerai sur le fait qu'encore une fois, j'ai l'impression d'arriver à Guantanamo, je me dis que ça fait partie du folklore américain ... oui après tout on vient passer du temps à dépenser notre argent pour enrichir leur économie, alors subir à chaque fois cette suspicion exacerbée a de quoi agacer. La ligne Maginot franchie, c'est le top départ pour un week-end de gras et de sucre !!!! 1ère étape, le starbucks coffee, avec les calories de toutes les parts de gateaux et boissons chaudes affichées, mmmmm la moitié de mes besoins en calories journalières pour un p'tit déj, ça fait du bien !! La route continue, tout le monde dort, sauf le conducteur (quoique...). Vu qu'on a encore faim, quoi de mieux qu'un fast food ? McDO ? Non, trop classique, on file chez WENDY'S, avec un ersatz de fifi brin d'acier en mascotte, du genre une gamine rousse de 10 ans affublée d'un air angélique qui invite l'autochtone à manger ça:

Les fast food US: non non, ce n'est pas une légende, et c'est pas cher !
 
   Sur la route, une petite escale dans une ville Méditerranéenne (?!)  j'ai nommé MONTPELIER avec un seul L. On reste assez loin des palmiers, de la chaleur et des fous du volant, mais plutôt la bourgade typique où l'évènement le plus people de l'année est la kermesse de l'école, sponsorisée par le bar du coin et la station essence:

Montpelier, USA, 2 Avril 2011
Montpelier, USA, 2 Avril 2011
    Ensuite direction Salem au Nord de Boston, la ville des sorcières. Pour faire simple, à la fin du XVIIe siècle, des gamines présentaient des symptômes inhabituels (convulsions, langage inconnu ...) que les médecins furent bien incapables d'expliquer sinon que de les attribuer à une forme de possession par le diable. D'autres fillettes furent atteintes, et on leur demanda de désigner les responsables de leur état, chose qu'elles firent en accusant trois femmes, pauvres pour la plupart. S'en suivit un procès où les trois prévenues furent accusées de sorcellerie, et l'affaire prit une telle ampleur que pas moins de 80 personnes furent jugées, dans un climat de délation qui incitait les citoyens à dénoncer leur voisin soupçonné de sorcellerie, contre rémunération. 19 personnes furent pendues, et l'hystérie collective prit fin quelques mois plus tard, la justice américaine s'étant rendue compte de son extrémisme et de ses erreurs. Aujourd'hui la ville est un lieu essentiellement touristique, des boutiques spécialisées en magie noire (on peut même acheter sa poupée vaudou pour souhaiter la mort de quelqu'un, sympathique n'est-ce pas ?), aux musées retraçant la folie qui s'est emparée du lieu quelques centaines d'années auparavant.

Quand on mixe le Père Noel avec Gandalf, ça donne ça !
Je précise que bien évidemment, je les ai tous lu.
    L'arrivée à Boston en fin d'après-midi nous permet de découvrir l’hôtel impeccable, avec piscine intérieure (pour un peu plus de 20 € par personne qui dit mieux ?). S'en suit une soirée au centre ville, à manger gras évidemment, chez les ritals de Little Italy.

La bande, près du port, 2 Avril 2011

Quincy Market, rassemble de nombreux fast-foods de divers horizons
    Le Dimanche, étape à Harvard, la plus ancienne et prestigieuse université Américaine, fondée au début du XVIIème, et qui a accueilli de nombreux chefs d'Etats américains (Obama, Kennedy, Bush...) et étrangers, tout comme des scientifiques et économistes de renom. Le campus est d'un calme olympien, très raffiné dans son agencement, presque bourgeois, avec un petit côté "so british" . 


J'avoue, je me la raconte ... un peu.
    Harvard, c'est également un petit village à part entière, à quelques encablures de la ville de Boston à proprement parler, qui ne vit que grâce et pour l'école. Nous avons pu prendre un brunch dans un café où la nourriture n'avait rien à envier à nos meilleures enseignes françaises, on y trouvait même des cannelés de Bordeaux (petite larme de bonheur...)!!!

A tester: la chocolatine aux épinards et ricotta (sans chocolat, ça va de soi...)
    Le reste de la journée passée à déambuler dans les rues de la ville, au gré des envies et en suivant la fameuse Freedom trail, ligne rouge sur les trottoirs permettant de rejoindre un à un les grands lieux qui ont marqué l'histoire de la ville, un peu de culture ça ne fait pas de mal. 






    En revenant à Montréal, on s'est arrêtés dans un mall à l'américaine pour une séance de magasinage dans des boutiques à foison sur deux niveaux, une (très) grande surface, mais qui ressemble malgré tout à certains de nos centres en Europe, avec des gens plus rondouillards. D'ailleurs, même si c'est pas beau de se moquer, ça reste tellement bon que je ne résiste pas à vous montrer ce client de McDo chez qui le BigMac semble avoir des effets soporifiques dévastateurs:


    Et comme on ne pouvait finir un weekend  bouffe sans passer par la case resto, direction Burlington sur le chemin du retour, dans un restaurant français à la cuisine absolument exquise. Et oui comme quoi, les clichés ... on peut très bien manger aux USA, en sachant où aller (morale du soir, bonsoir).

    Dernière étape: la douane canadienne. Si on reste moins de 48 heures aux USA, le montant de marchandises achetées ne doit pas excéder 50$, tandis qu'il atteint 400$ si on reste plus longtemps. Nous devions donc attendre les minuit pour ne rien risquer, mais malgré les factures conformes, on s'est quand même fait arrêtés, et les douaniers ont fouillé le véhicule !


Pour résumer ce weekend, je vais faire dans le simple mais efficace: VIVE BOSTON !!!