mercredi 29 février 2012

Etape 25: Niagara Falls (NY) - New York City (NY) - Montréal - THE END

ETAPE 25:   NIAGARA FALLS   -   NEW-YORK   -   MONTREAL

    3 Septembre 2011. Après une nuit passée en Pennsylvanie, je rejoins le New-Jersey pour franchir l'Hudson River, et débarquer pour la seconde fois dans ce big trip en Amérique, à New-York. Il est presque midi, et l'accès le plus simple reste le Lincoln Tunnel... du moins en théorie. Me voilà planté dans des embouteillages monstrueux, pare-choc contre pare-choc, et je ronge mon frein tant bien que mal, ceux d'à côté n'iront pas plus vite de toute manière. J'atteinds enfin le péage, m'acquitte des 8$ de droits de passage, et pénètre dans la galerie de 2.500 mètres de long, sous l'Hudson. Le Lincoln Tunnel est parcouru quotidiennement par environ 120.000 véhicules, et il est connu pour avoir été la cible d'attentats (déjoués) par des terroristes en 1993, mais aussi pour avoir servi de décor au film Daylight avec Stallone, où une explosion dans le tunnel piégea ses occupants, sous la menace d'un remplissage du conduit par l'eau de la rivière ! Heureusement, je reste au sec et la traversée se déroule sans encombres. Au bout de quelques minutes, j'aperçois une petite lumière blafarde, qui grossit progressivement pour venir avaler le flot de véhicules qu'elle s'empresse de projeter, sans crier gare, dans l'enfer de la ville où tours géantes et cacophonie ambiante accueillent le visiteur qui aurait émergé, non sans peine, d'un doux rêve blanc.  

    Me voici en plein coeur de Manhattan pour trois jours en famille, histoire de savourer les joies de la grosse pomme avec les parents fraîchement débarqués de France. Il m'aura fallu attendre trois séjours à New-York pour enfin y voir le soleil ! De ce côté là, rien à envier à Paris. En revanche, on est encore début Septembre, donc en pleine saison touristique, sans compter que la ville s'active pour les cérémonies commémoratives du 11 Septembre 2001 (cela va faire 10 ans dans quelques jours). Trouver de quoi se loger dans la Big Apple en temps normal est déjà assez rude, mais à cette période de l'année, cela tient du véritable défi ! Pour ne rien changer aux règles établies depuis le début de ce BigTrip en Amérique, je prévois tout plus ou moins à l'arrache. 
    "Où crêcher plus d'un jour à l'avance, tu ne sauras" pourrait être inscrit en lettres d'or dans la bible de ce voyage. Les motels sont inaccessibles, même en banlieue, les auberges toutes plus remplies les unes que les autres, et planter ma tente sur le toit d'un gratte-ciel ne semble pas envisageable . Passé maître dans l'art de fouiner les bons plans sur le net, j'avais repéré la veille une chambre à louer, à un tarif défiant toute concurrence. Quelques photos me rassurent sur l'aspect accueillant du lieu, mais, gros hic, l'offre n'est référencée que sur un seul site, il n'y a aucun commentaire d'utilisateur, ni adresse où se rendre ! Je sens la couillonade arriver gros comme une maison, mais n'ayant pas beaucoup d'autre option, je tente le tout pour le tout. Je me retrouve à devoir appeler un numéro privé (gros moment de solitude...) avec un rendez-vous deux heures plus tard au pied d'un immeuble résidentiel en plein coeur de Wall Street. Je laisse le véhicule pour trois jours dans un parking type étagère à voitures, et part à la rencontre de la propriétaire de la chambre. Je vais en réalité passer les prochaines nuits chez l'habitant !
    Stéphanie, c'est son nom, est une petite grand-mère ultra énergique, la soixantaine bien tassée, qui vit à deux pâtés de maisons du World Trade Center, dans un gigantesque bâtiment résidentiel de trente étages, coincé entre les traders de Wall-Street, le pont de Brooklyn et les vendeurs de nouilles de ChinaTown. Après une petite visite des lieux, je découvre la chambre (la seule de l'appartement) douillette et richement décorée... pour des filles ! Petits naperons blancs, draps soyeux roses, cadre de Bugs Bunny, c'est sûr on est loin du standard monotone des chaînes de motel. Pour ceux qui désireraient trouver une chambre pas chère (50 euros la nuit avec petit-déj), comme à la maison lorsque tout est blindé, tapez 'tempstaynyc bed and breakfast' dans votre moteur de recherche préféré. Nous discutons un bon moment avec Stéphanie qui me remet les clefs de l'appartement (elle y vit également) en nous accompagnant jusqu'à un petit resto excellent perdu au détour d'une ruelle de Wall Street. Voilà qui commence pour le mieux ! 

    Nous passons l'après-midi dans le Sud de Manhattan, flânant au pied du site du World Trade Center, où l'on s'apprête à inaugurer le mémorial avec les deux fontaines sans fond de forme carrée, placées à l'emplacement exact des anciennes tours. Un petit détour par la Marina sur les bords de l'Hudson et nous voilà embarqués sur un des ferries faisant la liaison avec Staten Island. Gratuits, et bondés de monde, ils permettent d'approcher relativement près la statue de la liberté (qu'il est de toute manière impossible de visiter à moins de réserver sa place des mois à l'avance), mais surtout de découvrir le skyline des différents quartiers de New-York se détacher clairement, plus on s'éloigne des quais. Le retour, notamment, place le visiteur dans la même position, le même émerveillement mélangé d'attentes profondes que pouvaient ressentir les premiers immigrants du début du siècle, lorsqu'ils franchissaient les limites de l'Upper Bay et apercevaient la flamme de la liberté, leur liberté, brandie fièrement.

Le chantier de la Freedom Tower avance plutôt bien.


En plein coeur de Wall Street, la place financière New-Yorkaise, les traders peuvent aller prier le seigneur entre midi et deux. Confession ? Repentance ? Coups de fouets ?


North Cove Marina.

North Cove Marina, près de Battery Park, à la pointe Sud de Manhattan.

Quais des ferries où les navires chargent et déchargent les passagers effectuant le trajet entre New-York et Staten Island.

Les patrouilleurs surveillent en permanence le traffic maritime au sein de l'Upper Bay de New-York. Les ferries s'en vont rejoindre l'Atlantique en naviguant sous le Verrazano-Narrows Bridge, qui relie Brooklyn à Staten Island, et marque la transition entre la Lower Bay (en gros l'Atlantique) et l'Upper Bay (au "coeur" de New-York).

Sur la gauche, Ellis Island avec la (petite) statue de la liberté et en toile de fond le New-Jersey. Sur la droite, Manhattan. La hauteur des buildings mis à part, voici la première image qu'eurent de l'Amérique les  immigrants du début du siècle, le pays où tout est possible...

Sunset sur Ellis Island, bientôt l'heure de mettre les voiles...

Surgissant des eaux telle une cité Atlante, Manhattan est en perpétuelle reconstruction.

Et pendant ce temps là...

Un géant aux machoires saillantes s'apprête à croquer le ferry et tous ses passagers !


Georges Washington, LA figure historique des Etats-Unis.


New-York c'est aussi le luxe des terrasses sur le toit avec vue imprenable sur les tours alentours.

Le Yotel, gigantesque complexe situé à deux pas de Times Square, aux couleurs thématiques blanc et violet.

Un système automatisé de gestion des bagages permet au visiteur de déposer sa valise dans une boîte à l'entrée. A partir de là, un robot se charge d'acheminer l'engin jusqu'à la chambre... Dieu existe ! Je me demande comment on pouvait faire sans avant...

    Nous prenons le métro depuis la pointe sud de l'île, et je m'engueule copieusement avec la guichetière de la station, sous le regard héberlué des passagers qui ne comprennent rien à la situation. Depuis Juin dernier, "amabilité" n'est toujours pas rentré dans le vocabulaire des travailleurs du métro, et si vous avez besoin de quelque chose, passez votre chemin, car ils vous font clairement comprendre que vous les emmerdez. Mais ne désespère pas petit touriste, quitte à passer pour un gros gueulard de français, hausse le ton, prends ton air réprobateur, et tu auras gain de  cause ! 
 
    Le lendemain, après une nuit dans la chambre de Barbie, je passe un moment avec Stéphanie autour d'un bon petit-déj maison à discuter de la vie, de New-York, des voyages, puis retourne dans le métro pour rejoindre les parents à Times Square, qui ne désemplit pas ! Le choc est immense pour eux pour qui c'est la première visite en Amérique du Nord. Plus encore ici que nulle part ailleurs dans New-York, le visiteur est sollicité de toutes parts, au point de donner le tournis à certains qui s'en retrouvent à piquer un somme en plein soleil au beau milieu de la foule. On poursuit la visite par le Columbus Circle et l'immanquable Times Square, véritable bouffée d'air frais par cette journée où tout le monde souffre de l'extrême moiteur de ce début Septembre. 
    La traversée du quartier des spectacles a été l'occasion d'apercevoir le (très) petit Daniel Radcliff à l'affiche d'une comédie musicale intitulée 'How to succeed in business without really trying' (comment réussir dans les affaires sans vraiment essayer). Je me retrouve au milieu d'un tas de groupies toutes plus excitées les unes que les autres, dans une lutte sans merci pour grapiller quelques précieux centimètres carrés de visibilité. Tout le monde s'appuie sur les voitures garées devant le théâtre, les vigiles sont dépassés, et deux énormes voitures noires attendent patiemment la sortie de celui qui a incarné Harry Potter au cinéma pendant 7 ans. Tout à coup, la frénésie s'empare de la foule, les filles couinent à n'en plus pouvoir, et l'acteur descend les marches du théâtre à toute vitesse, casquette vissée sur le crâne et tête baissée, signe quelques autographes pour le principe, sous une nuée de flashs crépitants, et s'engouffre dans le véhicule sombre qui s'enfuit à toute berzingue dans les rues New-Yorkaises. Eh bien tout ça pour ça ! J'en connais qui doivent être frustrées, dommage qu'il n'ait pas plus joué le jeu... d'un autre côté, sortir du boulot et se farcir quotidiennement une sortie cannoise doit être un peu grisant à la longue... pauvre petit !

Times Square, toujours aussi achalandé.

Un bon gros dodo en plein coeur de la Big Apple !

Maman les p'tits bateaux ...

A Central Park, il est bien vu d'exhiber ses canidés en version mini ET maxi.

John, si tu nous regardes...

Le voici le voilà, Daniel Radcliffe, haut comme trois pommes ! A quand la présidentielle ?


Hallelujah Manhattan.



La nuit est tombée sur New-York, le décor change subitement, les images se brouillent. La fin du voyage approche.


    On poursuit la visite de la ville par un détour à Chelsea, au Sud-Ouest de Manhattan, en pleine reconversion. Repère des Irlandais New-Yorkais au siècle dernier, Chelsea était autrefois un quartier industriel et marchand marqué par l'implantation de nombreux entrepôts, quais, et voies de chemins de fer. Depuis les années 90, les vieilles bâtisses délabrées sont tour à tour rachetées et transformées en galeries d'art contemporain ou bien en immeuble art-déco au point d'en devenir une référence mondiale. 

    Direction la 14ème, dans la partie Ouest du quartier, pour découvrir un petit bijou de réhabilitation urbaine: le parc High-Line. Ce n'est ni plus ni moins qu'une promenade herborée en lieu et place d'une ligne de chemin de fer aérienne. A l'époque, cette zone correspondait au quartier des abattoirs. Face aux problèmes de circulation des marchandises, les autorités créèrent une voie réservée pour les trains à partir de 1930, allant même jusqu'à traverser des immeubles existants. Par la suite, le déclin du rail signa l'arrêt de mort de l'exploitation de la ligne du Lower West Side, vers la fin des années 70, laissant la construction aérienne en friche. L'inauguration d'une première partie du parc a eu lieu en 2009, la seconde en 2011, et ce sont pas moins de 2.300 mètres de voies que l'on peut ainsi parcourir à l'envie, en laissant notre regard flâner sur l'Hudson River, ou sur les hangars désaffectés côtoyant de sublimes bâtisses art-déco, un brin bobo. Un véritable musée vivant, grandeur nature !

    C'est une autre vision de New-York qui nous est alors offerte. Loin de toute l'agitation des quartiers centraux, Chelsea et sa High-Line permettent de prendre de la hauteur, et de ne pas se sentir écrasé par les bâtiments alentours. Les essences plantées ont été choisies avec finesse, la réalisation du parc relève d'une élégance rare, et les visiteurs semblent pris d'une flânerie apaisante et parfaitement assumée. Qu'on est loin de Times Square et de sa masse gargantuesque de piétons bondissant sur les avenues tel un troupeau de gnoux pourchassé par un lion.


Richement agrémentée d'espèces végétales, le parc, bien que très linéaire, n'en demeure pas moins une idée originale pour redynamiser les quartiers ouest du Lower Manhattan.


High Line de New-York.


Nouveau bâtiment dans Chelsea.

Chelsea est un quartier en pleine redéfinition. Des bâtiments flambants neufs, clairement orientés art déco, côtoient d'anciennes bâtisses délabrées en attente de traitement.

Street Art, Chelsea.

Empire State of (re)Mind.

Comme un peu partout en Amérique du Nord, les sectes, ou autres mouvements religieux douteux, ont pignon sur rue.

Car Square.

Sur les bords de l'Hudson River, cet édifice semble bâti pour régner en maître des eaux.

Style Art Déco en plein coeur de Chelsea.

La Planque.

"Entre les lignes", New-York.

Jeu de contrastes à Chelsea.

Dans la partie la plus au Sud de la High Line, l'architecture du quartier est déstabilisante.

Big Ball Eye, New-York City.

    La tournée New-Yorkaise se poursuit par le Rockefeller Center et l'entrée dans le temple sacré des Arts Modernes: le MoMA. Inauguré en 1929 par trois mécènes en réponse au conservatisme ambiant de l'époque, il est aujourd'hui le 3ème musée le plus visité aux Etats-Unis. On y trouve pratiquement tous les domaines artistiques, de la peinture à la sculpture, en passant par le dessin, le design, la vidéo, la photographie et même des bibliothèques. L'entrée est à 20$ et permet d'accéder au musée sur plusieurs étages, à noter le bon plan de la gratuité les vendredis après-midi. S'ensuit une déambulation à travers les différents plateaux, face aux oeuvres des plus grands, Warhol, Picasso, Monet, sur fond du classique audio-guide. Il y a bien évidemment foule au musée, mais l'endroit est suffisamment grand pour qu'on ne se marche pas tous sur les pieds. Il est possible de contempler certaines des oeuvres d'art les plus connues, réalisées par les plus grands, mais aussi d'autres pièces historiques des arts modernes censées représenter de véritables révolutions, où quand la supercherie devient un (nan)Art avec un grand "A". 

Ah que j'aime ce genre de contraste ! Ca sonne tellement ... faux ?


Quand un génie revisite une égérie, devenue icône...


Heureusement les classiques sont là, avec entre autres les Demoiselles d'Avignon  du mâitre Pablo...



... ou les Nénuphars de Monet, pas forcément évident à caser chez soi.


Supercherie Number One: le tableau blanc.

Supercherie Number two: les néons de chez Casto.

Supercherie Number 3: la planche rose cochon négligeamment posée contre un mur.

Lana Del Rey ne doit pas être bien loin...


Je monte ? Je descends ? Où suis-je ?

Une section du musée d'art moderne est consacrée aux nouvelles technologies. Pas mal de concepts intéressants mais beaucoup trop de monde !!!


Let's all be !


Talk to me, like lovers do...

En voilà une solution pour ranger correctement sans se fouler !

"Le voile de la mariée".


Taper là où ça fait mal.

Au pied du Rockefeller Center, en lieu et place du traditionnel sapin de Noel et de la patinoire.


Le Rockefeller Center, du nom du magnat de la finance américaine  que l'on retrouve dans toutes les grosses affaires politiques et économiques du pays depuis plus d'un siècle. L'exemple parfait de la main-mise du privé dans la vie d'une société.


Les Dieux avaient-ils déjà inventé le surf ?


    Mardi 6 Septembre 2011. Il est temps pour moi de prendre la route du Nord pour cette dernière journée aux USA. Après avoir dit aurevoir à Stéphanie et à la famille, je longe Manhattan par l'autoroute de l'Est, sous une pluie battante. A peine sorti de la Big Apple, je décide de prendre les petites routes, et arrive à la nuit tombée à la frontière Canadienne. Cette fois-ci, aucun problème pour rentrer au pays, seule la surprise non dissimulée du douanier me rappelle que je ne reviens décidément pas d'un voyage comme les autres. Ces 81 jours passés à silloner les Etats-Unis d'Est en Ouest, et du Nord au Sud, sont passés à une vitesse folle. Je donnerai n'importe quoi pour repartir, là, maintenant, tout de suite. Les Etats-Unis sont définitivement formidables, un petit bijou de la nature qui saura assouvir la soif des amateurs de grands espaces et d'aventures. Trois mois de voyage m'auront permis d'en saisir l'essence, avec ce que cela implique de bons et mauvais côtés, j'aurai l'occasion d'y revenir dans un article prochain.

    La première apparition du français sur les panneaux routiers me signale l'arrivée imminente au Québec, que j'avais quitté il y a trois mois de cela. Toutes les bonnes choses ont une fin, et ce petit pincement au coeur que j'éprouve au moment de passer la frontière est apaisée par l'idée de retrouver amis et famille à Montréal, dans les tous prochains jours. 

Le français fait sa réapparition sur les panneaux, pas de doute, le Québec n'est plus loin !


Dernier coucher de soleil en terre américaine. Dans quelques heures, je serai de retour à Montréal, des souvenirs plein la tête.


Je rentre au Canada, ma pensée se trouble. L'aventure s'achève, j'ai l'impression d'être parti hier à peine. 

    Une page du BigTrip vient désormais de s'achever. 23.000 kms et 25 étapes à travers les Etats-Unis en voiture pendant plus de 80 jours n'auront pas été de trop ! Il est temps de clore le Volume 1 de mes aventures... le truc, c'est que j'ai encore bigrement envie de repartir. Quoi ? Qu'entends-je ? Une petite voix me murmure qu'un Volume 2 serait en préparation ?! Dans un pays désertique avec des kangourous ? Dans quelques mois, quelques années ? ... Mmmh, c'est tentant, je l'avoue...


   PROCHAIN VOLUME: L'AUSTRALIE !!!