lundi 5 décembre 2011

Etape 22: Yellowstone (WY) - Mont Rushmore (SD)

ETAPE 22: YELLOWSTONE - MONT RUSHMORE


    En route pour 700 kms en une journée, à traverser littéralement l'Etat du Wyoming ! Une fois la zone du Yellowstone et des Rocheuses derrière moi, les paysages redeviennent arides et désertiques au possible. J'enchaîne les bourgades américaines typiques, avec une route principale flanquée sur ses bords de quelques boutiques locales, d'une paire de fast-foods, et d'une station essence à l'entrée et à la sortie de la ville. En dehors, circulez y'a rien à voir. Du coup, je ne m'attarde pas et appuie sur le champignon, peut-être un peu trop d'ailleurs....

    C'est parti pour la scène de l'arrestation par un flic en mode américain ! Je viens à peine de pénétrer dans une petite ville, et d'un coup d'oeil dans le rétro je me rends compte qu'un policier me colle au train. Je ne l'ai ni vu ni entendu arriver le salaud ! Au début, je ne sais pas trop s'il en a après moi ou le véhicule juste devant, qui roulait à la même vitesse. Pas le temps de se poser trop de questions, voilà que le flic fait retentir sa sirène avec les lumières qui vont avec. J'ai le coeur qui commence sérieusement à palpiter, et me gare, tout comme l'autre véhicule, sur le bas-côté. Apparemment, c'est à moi que Starsky veut avoir affaire, vu qu'il laisse la voiture repartir sans broncher. Qu'est ce qui m'attend maintenant, un traditionnel "sortez du véhicule, montrez-moi vos papiers, posez les mains sur le capot,  et bouclez-là !" ? Vais-je être jeté en taule avec un trognon de pain et un bol d'eau en guise de festin ? Vont-ils me prendre en photo, l'air démoli, tenant mon matricule de criminel entre les mains ? Vais-je enfin pouvoir m'évader avec ma fameuse petite cuillère de la douane, et valoir une rançon telle que je pourrai venger DSK de la justice américaine ??? 
    Eh bien pas tout à fait... je ne sais pas si c'est la météo particulièrement clémente, ou bien qu'il ait niqué la veille (ou les deux), mais mon ami le flic est dans un bon jour. Je baisse la vitre, adopte le traditionnel regard "chat potté" toujours de mise dans ce genre de situation, et prononce un "Hellow..." des plus honteux. Il me demande mon permis de conduire, et vu sa tête ahurie à la vue du petit papier rose froissé, je me dis qu'il ne doit pas souvent voir de frenchies par ici. Bref, il tente d'examiner le document, le retourne dans tous les sens, des fois qu'il arrive soudainement à lire le français en verlan, et me demande pourquoi je suis si pressé. Mais bon sang mon gars, c'est bien sûr ! Pourquoi voudrais-je à tout prix quitter au plus vite une ville qui a autant d'intérêt que la vie sexuelle du Pape ? (quoique...) Je me prends donc ma petite remontrance de circonstance, boucle ma ceinture et repars à fond les manettes en faisant crisser les pneus avec un gros bras d'honneur à travers la vitre ! 

    Je finis par arriver dans la contrée de Buffalo Bill, le plus célèbre chasseur de bisons de l'Ouest américain (il fournissait en viande les ouvriers des chemins de fer du Kansas tout proche), mais aussi, et on le sait moins, metteur en scène de théâtre ! Comme quoi, être barbare et artiste, c'est possible.

Buffalo Bill State Park, avec son réservoir d'eau artificiel.


Une vanne du barrage Dam, dans le Wyoming.


Buffalo Bill Reservoir, Wyoming.


Shoshone River, en aval du barrage Dam, Wyoming.


Construit entre 1905 et 1910, le barrage Dam était le plus haut de son époque (100m).


Buffalo Bill Reservoir, Wyoming.


    Après une bonne nuit bien méritée, je me réveille au beau milieu de la forêt nationale des Black Hills (colline noires). En réalité, il s'agit d'une petite chaîne de montagnes situées dans le Dakota du Sud, véritable sujet de tensions entre les peuples amérindiens et les envahisseurs américains. Pour la petite histoire, dans la seconde moitié du XIXème siècle, des explorateurs américains parvinrent jusqu'aux Black Hills, où vivaient le tribu Sioux des Lakotas. C'est la grande époque de la conquête de l'Ouest, et la région se trouve être particulièrement riche en gisements d'or. Des centaines de chercheurs arrivent alors sur ces terres, et les autorités, après avoir tenté des "négociations" avec les Sioux (c'est à dire "partez ou mourrez")  finissent par déclencher une guerre (la bataille de Little Big Horn), toute ressemblance avec des évènements récents étant tout à fait fortuite. S'en suit la fuite des Sioux hors de leur territoire originel (on retiendra la mort du chef  'Crazy Horse' qui adorait se frotter l'entre-jambe contre une barre verticale, ou bien la fuite au Canada de Sitting-Bull, ancêtre de Pitt, because I know you want me, comprenne qui pourra).

    Dans les années 1980, les Etats-Unis reconnurent leur erreur (il n'est jamais trop tard !), et proposèrent aux descendants des Sioux de leur verser des indemnités (y compris les intérêts) suite à leur expropriation, ce qu'ils refusèrent, réclamant qu'on leur redonne le territoire des Black Hills. Aujourd'hui, l'offre est toujours en cours, et s'élève à près de 800 millions de dollards...

Black Hills National Forest, Dakota du Sud.
 

    Après quelques kilomètres effectués en direction du nord, j'arrive enfin au fameux Mont Rushmore. Le Lonely Planet avait pourtant prévenu, je n'ai pas été déçu: c'est une véritable mini-usine à touristes. Visité par près de 2 millions de touristes chaque année, il s'agit d'un monument classé 'mémorial national', et réalisé de 1927 à 1941, six mois par an par 400 ouvriers sous la direction du sculpteur Gutzon Borglum. Même si les visages semblent fins, la méthode de construction utilisée pour les trois quarts de la roche a été la dynamite ! A l'origine, l'oeuvre devait représenter les bustes entiers des quatre présidents américains, mais faute de moyens, on se contenta de leurs visages. Les statues, de 18 mètres de haut chacune, représentent les quatre dirigeants les plus marquants de l'histoire américaine, bien qu'une controverse persiste quant au choix de Théodore Roosevelt, qui, comme par le plus grand des hasards, était ami avec le sculpteur en chef de l'oeuvre. Collusion ? Vous avez dit collusion ? ...

    L'arrivée sur les lieux nous met directement dans le bain de la vache à lait: un ensemble de postes, comparable à un péage, où l'on s'acquitte du droit d'entrée, puis un énorme parking bétonné sur plusieurs niveaux, tout cela au beau milieu des Black Hills. Je remonte à la surface et me dirige vers l'entrée monumentale, et quelque peu pompeuse, du mémorial...

Entrée du National Memorial du Mont Rushmore, Dakota du Sud.


Patriotisme un jour, patriotisme toujours !


    En progressant, je me retrouve face aux boutiques, snack, buvette, tout cela avant même m'être rendu au pied du monument ! Du coup, la visite étant programmée dans quelques minutes, je décide d'aller faire les boutiques, qui sait ce que j'y trouverai d'intéressant... Après quelques instants de surprise face à l'aspect industriel du merchandising, je m'amuse des magnets made in China censés représenter toute la grandeur de l'Amérique, et repars les mains 'presque vides' (j'avoue, même après deux mois et demi de big trip, je trouve toujours le moyen d'acheter des conneries...). S'ensuit une visite guidée par un ranger (en réalité un étudiant en histoire de l'Art venu pour un job d'été, et pour qui c'était la dernière 'représentation') pour un moment bétaillère très instructif ! Qu'il est bon de progresser au milieu d'une centaine de personnes, sur un chemin d'à peine deux mètres de large, en entendant piailler des mégères!

De gauche à droite, Georges Washington, Thomas Jefferson, Théodore Roosevelt et Abraham Lincoln.

De gauche à droite, Georges Washington, Thomas Jefferson, Théodore Roosevelt, Abraham Lincoln et Clément Cousin... puisqu'on a paraît-il tous le droit à notre heure de gloire...


Georges, mon yéti.

    L'instant culturel terminé, je me rends à l'atelier de l'artiste, où il est possible de contempler la maquette originelle des statues du Mont Rushmore (donc celle avec les bustes inachevés), mais également d'aller aux toilettes ! Et là, attention, c'est la fête du slip ! Pour ceux qui n'auraient jamais mis les pieds en Amérique du Nord, la coutume veut que les toilettes ne soient pas des plus intimes. Ne soyez-donc pas surpris de pénétrer dans votre cabine et, tout en vous retournant après avoir essuyé les immondices qui parsèment la cuvette, de constater le vide séparant la porte de ses montants. C'est bien simple, on peut très souvent, si nos pulsions perverses ne peuvent être réfrénées, mater tout ce qui se trouve à l'intérieur, ou inversement. Le souci au Mont-Rushmore, c'est qu'on peut carrément y passer la main ! Pratique pour un open-bar de papier toilette, mais pas vraiment confortable, il faut l'avouer...


Maquette originelle du sculpteur.


Et là on dit: "Coucou le cucul !!!!"

    Remis de mes émotions, je me dirige vers la sortie en me goinfrant au passage d'une gigantesque glace à l'italienne tout à fait raccord avec le lieu, croise un distributeur de boissons qui tente vainement de se camoufler dans le décor, et enfourche mon fidèle destrier pour de nouvelles aventures. Suivant toujours la direction de l'Est, la prochaine étape me conduira dans la ville de la prohibition, véritable grand écart entre Al Capone et Barrack Obama. Chicago, me voilà!

Si ce qui vous vient en tête est "slurp !" ou "burgl !", rien d'inquiétant, vous êtes tout à fait normal.


Finalement, pas la peine d'aller jusqu'au monument, on a les mêmes sur le distributeur de Coca !

ON THE ROAD AGAIN !!!!!


mardi 29 novembre 2011

Etape 21: Salt Lake City (UT) - Yellowstone (WY)

ETAPE 21: SALT LAKE CITY - YELLOWSTONE

    Ca y est ! La route fût longue, mais me voilà enfin dans le Wyoming, traversant des vallées aux habitations éparpillées un peu partout, sur fond de show radio où Obama en prend pour son grade par un animateur dont le parti pris affiché, pour les Républicains évidemment,  tient d'une vraie prostitution intellectuelle ! Je ne suis définitivement plus en Californie ni sur la côte Est, ici c'est la campagne profonde, ceci expliquant peut-être cela...

    Quoi qu'il en soit, en cette fin de journée du 21 Août 2011, je trace la route le long de la 89 et traverse Jackson, petite bourgade intégralement en bois, où les touristes grouillent par petits groupes autour de ce qui ressemble plus à un décor de théâtre hyper commercial qu'à un véritable village de paysans ou de miniers. Il est bien loin le temps de la petite maison dans la prairie ! En quittant la ville par le Nord, la vallée s'élargit pour laisser place à de formidables plaines légèrement jaunies par cette fin d'été, auprès desquelles se dressent les arêtes aiguisées de sommets montagneux: je viens de pénétrer dans le domaine du Gran Teton National Park. Sous cette dénomination pour le moins singulière, merci aux explorateurs canadiens français, se cachent trois sommets principaux, dont le plus élevé, visible sur les photos qui suivent, culmine à près de 4.200 mètres d'altitude. Débourser les traditionnels 20$ de droits d'entrée dans le parc du Yellowstone donne également la possibilité de visiter le parc du Grand Teton, qui comprend beaucoup de sentiers de randonnée, mais attention, ça caille ! De là à dire que les tétons pointent car il fait froid, il n'y a qu'un pas... 

Plaines s'étendant jusqu'au pied de la châine de montagnes du Gran Teton, Wyoming.

A y regarder de plus près, il semble tout de même y avoir plus que trois tétons...

Grand Teton National Park, Wyoming.
    
    Une cinquantaine de kilomètres plus au Nord se trouve l'une des entrées principales du parc du Yellowstone, où l'on nous rappelle gentiment de limiter notre vitesse sur la route, afin de ne pas venir percuter, non pas des enfants devant l'abri-bus, mais la faune locale, qui a parfois tendance à traverser la route sans regarder ! Je me vois mal expliquer au type de l'agence de location que sa voiture est fichue parce que j'ai heurté... un bison ! Du coup, je reste prudent, je n'ai pas le choix de toute façon, les larves de la route sont encore de retour, et les créneaux de dépassement quasi-inexistants.

Staying alive, staying alive ....

    Les quelques rayons de soleil laissent alors place à de lourds nuages noirs annonciateurs d'orages et surtout, d'une belle averse de grêle qui m'aura fait craindre pour la carosserie de la voiture. Le déluge aura également eu raison d'un homme et de ses deux petits chiens qui, promenant sa bicoque sur un lac en bordure de route, se sont empressés de se mettre à l'abris. Le mauvais temps est reparti aussi vite qu'il est arrivé, permettant aux rayons d'une douce lumière dorée de créer cette atmosphère, chargée d'humidité, où la nature semble soudainement émerger d'un long et profond sommeil.

Belle averse de grêle au Yellowstone.

Après la pluie, le beau temps !

Dans le Sud du parc du Yellowstone, près de l'entrée principale.

Ambiance éthérée dans le Yellowstone.

    J'arrive enfin au camping du Grant Village, que j'avais pris la peine de réserver cette fois-ci. C'est  indispensable à cette période de l'année, car le parc draîne un nombre assez incroyable de touristes (quelques 3 millions par année), sans compter que les lieux pour se loger ou camper en dehors du parc se trouvent à plusieurs dizaines de kilomètres. Une fois les avertissements sur les ours entendus, et la tente plantée, je profite des dernières lueurs du jour pour me rendre au bord du gigantesque lac Yellowstone et partir explorer l'une des nombreuses zones de sources chaudes du parc: le West Thumb Geyser Basin. Et là, la température ambiante bien fraîche vient soudainement me rappeler que j'ai déjà parcouru de nombreux kilomètres vers le Nord depuis la lourde chaleur de la Californie. Je découvre en premier un petit cratère blanchâtre au fond duquel une boue pâle en ébullition envoie ses projections tout autour. En continuant, j'arrive sur une série de pontons en bois cheminant à travers des terres parsemées de sources chaudes et autres fumerolles. Les étendues d'eau sont tantôt teintées d'un orange cuivré, tantôt d'un bleu azur si pur (merci la rime) que je n'ai qu'une envie, y plonger la tête la première. Bien mal m'en prendrait, l'eau est évidemment brûlante ! Il est également interdit de franchir les pontons car le terrain environnant est instable et peut s'effondrer tout en laissant apparaître une source jusqu'alors souterraine, et pour le coup, je ne tente pas le diable, me retrouver les jambes baignant dans l'eau bouillante jusqu'aux genoux serait assez malvenu...

Première source chaude en vue...

... pour un résultat digne des meilleurs chaudrons de sorcellerie.

Comment ça, on n'a même pas le droit de s'approcher des animaux ? Et l'inverse c'est valable aussi ?

West Thumb Gesyer Basin, Yellowstone.

Les eaux acides des sources chaudes s'écoulent en direction du lac.

West Thumb Gesyer Basin, Yellowstone.

West Thumb Gesyer Basin, Yellowstone.

L'eau des sources est d'une pureté incroyable.

Après un écroulement localisé du sol, une source s'est retrouvée à l'air libre.

West Thumb Gesyer Basin, Yellowstone.

West Thumb Gesyer Basin, Yellowstone.

Allez, je pique une tête ?

West Thumb Gesyer Basin, Yellowstone.

West Thumb Gesyer Basin, Yellowstone.

Le cercle sombre correspond au cône d'un gesyer, actuellement sous les eaux.

West Thumb Gesyer Basin, Yellowstone.

Admirez la position suicidaire du plongeur !

Lac Yellowstone.

    Les couleurs des sources d'eau chaude sont dues à la présence de bactéries qui arrivent à survivre à des températures aussi élevées et à un tel degré d'acidité. Plusieurs parties du terrain sont d'ailleurs complètement nues, et rien ne semble pouvoir y pousser. Signe de l'évolution géologique permanente des lieux, il ne restait de certains arbres que des troncs complètement déssechés, se tenant encore debout par je ne sais quel miracle, comme si une coulée de lave était venue recouvrir le sol, figeant à tout jamais leurs silhouettes fièrement dressées vers le ciel. Autre caractéristique locale: l'odeur de soufre omniprésente ! On s'en prend plein les narines, et les vapeurs chargées d'humidité viennent délicatement caresser le visage pour quiconque se prend au jeu de rester quelques instants au beau milieu des flots éthérés qui jailissent un peu partout sur ces terres désolées.
 
    Le soleil disparait à l'Ouest derrière les sommets quand deux biches font leur apparition pour le plus grand bonheurs des petits et des grands. Nullement farouches, elles profitent du relatif apaisement de cette fin de journée pour se repâitre des quelques herbes poussant ici et là au milieu des sources chaudes. C'est amusant de voir les gamins avec leurs yeux grand écarquillés, tout à fait intrigués et émerveillés devant la scène qui s'offre à eux. 

    La nuit est définitivement tombée sur le Yellowstone, je rentre au camping dont les occupants auront tôt fait  de s'endormir paisiblement, c'est que tout ce petit monde se lève tôt demain...


Des bactéries sont responsables de la coloration orangée.

West Thumb Gesyer Basin, Yellowstone.

West Thumb Gesyer Basin, Yellowstone.

Le Big Cone, Yellowstone.


Paysage de désolation: incendie ? tsunami ? éruption ?

West Thumb Gesyer Basin, Yellowstone.

West Thumb Gesyer Basin, Yellowstone.

Le fond de certaines sources est si profond qu'il est impossible à distinguer.

West Thumb Gesyer Basin, Yellowstone.

Tout d'un coup, le silence s'impose. Plus personne ne bouge, et chacun est ébahi devant cette scène unique.

West Thumb Gesyer Basin, Yellowstone.

Chut, y'a Bambi qui fait dodo...

    La nuit fut rude ! Je ne m'attendais pas à ce que la température descende aux alentours des 5°C, et mon petit duvet Quechua version slim aura été un peu juste ... Quoiqu'il en soit, je reprends la route pour entamer mon périple à travers le parc. Le Yellowstone, c'est une boucle grossière, donc facile à arpenter. Nul besoin de s'engager dans des embranchements puis revenir sur ses pas comme pour la plupart des autres parcs, en revanche les distances à parcourir sont importantes puisque sa surface équivaut à celle de la Corse ! Sur le chemin, je franchis le 'Continental Divide'. Il s'agit d'une ligne de démarcation à partir de laquelle les eaux des rivières et autres ruisseaux se jettent soit dans le Pacifique, soit dans le golfe du Mexique. Ainsi, une partie des eaux du lac Isa, avec ses nombreux nénuphars, finissent près de San Francisco tandis qu'une autre termine son voyage près de la Nouvelle-Orléans !

Vue d'ensemble du parc du Yellowstone. En rouge, les routes principales.

Le continental divide des Etats-Unis, ligne de partage des eaux entre l'Océan Pacifique et le Golfe du Mexique.

Nénuphars du lac Isa, Yellowstone.

Lac Isa, Yellowstone.

Une rivière tumultueuse, si on en croit les nombreux troncs d'arbres jonchés ça et là sur les côtés.

    J'entame alors une randonnée pour me rendre auprès du premier geyser: le Lone Star Geyser. En suivant un sentier sur environ 5 kilomètres, je débouche dans une vaste clairière où quelques visiteurs semblent attendre l'arrivée du messie. Malgré mon apparition soudaine, la plupart des gens ne bronchent pas, et j'en déduis que ma reconversion en Moïse laisse quelque peu à désirer. Plus sérieusement, l'évènement tant attendu est l'éruption du fameux geyser qui a lieu toutes les 60 à 90 minutes, et ceci expliquant peut-être cela, je suis à peine arrivé que les premiers jets d'eau bouillante surgissent du monticule planté au beau milieu de la scène. L'éruption est progressive, et débute avec des vapeurs expulsées comme celles d'une cocotte-minute, puis l'eau jaillit par petits jets répétés qui se transforment en quelques minutes en une colonne imposante et bruyante. Le phénomène dure un bon quart d'heure avant de s'évanouir calmement. Sur le chemin du retour, je croise un coyotte dans les hautes herbes, ouf j'aurai échappé au duel avec un grizzli !


Lone Star Geyser, Yellowstone.

Il s'agit d'un des geysers dont les éruptions sont les plus régulières dans le parc.

Lone Star Geyser, Yellowstone.

Lone Star Geyser, Yellowstone.

Coyotte, désespérément à la recherche de Bip-Bip !

    Quelques kilomètres plus au Nord se trouve LE geyser du parc, deuxième plus gros au monde: le Old Faithful Geyser (le vieux geyser fidèle). Son éruption a lieu toutes les 90 minutes et constitue l'attraction principale du parc. Le geyser est relié par un étroit conduit à une nappe phréatique souterraine maintenue en ébullition par sa proximité avec une chambre magmatique profonde. Avec les minutes, la pression s'accumule dans une énorme poche jusqu'à atteindre un point de rupture où celle-ci est évacuée à travers le seul chemin jusqu'à la surface, entraînant avec elle d'importantes quantités d'eau. Et attention mesdames et messieurs dans un instant, ca va commencer, prenez une foule compacte agglutinée autour de la scène, ajoutez-y des hurlements de joie mêlés à des applaudissements en nombre et vous obtiendrez cette exhaltation collective, d'une durée de 3 minutes environ, qui s'éteint aussi vite qu'elle est apparue, chacun retournant vaquer à ses occupations, comme après un bon match de foot.

La mascotte du parc, le Old Faithful Geyser, peu avant son éruption...

.... la foule s'est rassemblée en masse...

... pour admirer le panache prodigieux d'eau et de vapeur !

Même Papi n'en croit pas ses yeux !

Vue sur le Upper Geyser Basin du Yellowstone.

    Le reste de la zone se parcourt assez simplement, en suivant les sentiers sillonant au milieu des geysers et sources d'eau chaude, une nouvelle fois très colorées puisqu'on y retrouve à peu près toutes les teintes possibles et envisageables, flattant à chaque instant notre rétine. Si le Yellowstone est aussi célèbre, c'est qu'il s'agit d'une structure géologique aboslument unique, puisque le parc regroupe à lui seul les deux tiers des geysers au monde ! L'origine du phénomène vient du fait que la zone est en réalité un super volcan. Point chaud de l'écorce terrestre, du magma en provenance des profondeurs est localement accumulé sous la croûte terrestre, et la pression finit par faire exploser tout ce qui se trouve au-dessus. Le Yellowstone a connu plusieurs explosions, et la plus "récente" d'importance a eu lieu il y a 640.000 ans, avec l'éjection de 1.000 kilomètres cube de cendres et débris à travers tout l'Ouest des Etats-Unis. Pour se faire une idée, c'est comme si l'on faisait exploser 3.000 fois le Vésuve, ou bien 1.000 fois le Mont Saint-Hélens, autant dire que c'est une quantité d'énergie aboslument colossale, et les impacts sur le climat de l'époque furent importants, sans compter que les cendres parvinrent jusqu'au Mexique et entraînèrent la disparition d'espèces animales et végétale. Bref, pour mieux se faire une idée, il suffit de regarder le film du siècle, à savoir 2012...

Upper Geyser Basin, Yellowstone.

Upper Geyser Basin, Yellowstone.

Cette source est en réalité un mini geyser. L'eau monte jusqu'à 1 mètre de hauteur toutes les heures environ.

La nature est décidément douée pour les dégradés !

J'ai vu pour la première fois des libellules entièrement rouges, et surtout énormes. Plusieurs d'entre elles se livraient une bataille féroce.

Beach Spring, Upper Geyser Basin, Yellowstone.

Upper Geyser Basin, Yellowstone.

Même le sol a ses cicatrices, qu'il ne peut refermer...

Upper Geyser Basin, Yellowstone.

La nature nous déclare sa flamme à Heart Spring, Upper Geyser Basin, Yellowstone. 

Upper Geyser Basin, Yellowstone.

Upper Geyser Basin, Yellowstone.

Wave spring, Upper Geyser Basin, Yellowstone.

Une reconversion possible en piscine naturelle, Upper Geyser Basin, Yellowstone.

Upper Geyser Basin, Yellowstone.

Upper Geyser Basin, Yellowstone.

La ressemblance avec une palette de peinture est frappante.

Upper Geyser Basin, Yellowstone.

Un des fameux sentier en bois qui nous évitent de mettre les pieds dans de l'eau à 90°C.

Castle Geyser, Upper Geyser Basin.

Upper Geyser Basin, Yellowstone.

Upper Geyser Basin, Yellowstone.

Des corbeaux bien plus gros que des poules !

Saurez-vous retrouver le criquet caché dans cette image ? Le malin avait eu la bonne idée de venir s'insérer entre la semelle de ma claquette et la plante de mon pied juste au moment où je levais la jambe... résultat, ça a fait sproutch, avec le jus qui va avec. Bon appétit...

Le calumet de la paix, Yellowstone.

Upper Geyser Basin, Yellowstone.

Upper Geyser Basin, Yellowstone.

Je suppose que je me suis retrouvé face à une famille d'Amish. En revanche, je ne comprends toujours pas pourquoi ils avaient l'air si pressés...

Upper Geyser Basin, Yellowstone.
Upper Geyser Basin, Yellowstone.

Upper Geyser Basin, Yellowstone.

Upper Geyser Basin, Yellowstone.

Upper Geyser Basin, Yellowstone.

Upper Geyser Basin, Yellowstone.

Les biches ne manquent décidément pas dans le parc du Yellowstone.

Biche du Yellowstone.

    La fin de journée approche, je file alors vers une des sources d'eau chaude les plus connues au monde: les 'Grand Prismatic Springs'. En effet, il s'agit d'une vaste étendue d'eau photographiée depuis longtemps grâce à des prises de vues aériennes, pour un résultat totalement féérique. Les couleurs vives se mêlent les unes aux autres pour former une sorte d'oeil gigantesque, nous révélant toutes les palettes d'une dame nature décidément très douée pour produire des chefs d'oeuvre comme nul autre pareil.  Hélas, impossible de s'en rendre compte depuis le sol, un brouillard épais venant occulter la scène, comme pour nous suggérer qu'apprécier la nature à sa juste valeur nécessite de savoir prendre une certaine hauteur...

La photo n'est pas de moi, exceptionnellement. Il faut avouer que ça en jette !

Grand Prismatic Springs, Yellowstone.

Grand Prismatic Springs, Yellowstone.

Abords des Grand Prismatic Springs, Yellowstone.

Grand Prismatic Springs, Yellowstone.

Impossible de distinguer les coouleurs des Grand Prismatic Springs, Yellowstone.

    Sur le chemin qui me mène au camping Madison, je profite des derniers rayons de soleil pour immortaliser cette apparente tranquilité du Yellowstone. Le contraste est saisissant entre les puissants phénomènes géologiques en action juste sous mes pieds, et cette atmosphère tantôt teintée de sérennité comme avec les sources d'eau chaude à la surface immobile, et tantôt marquée par une profonde désolation , avec ces vapeurs souffrées planant au-dessus de terres arides où le temps semble s'être figé. Etonnament, je me sens bien, très bien même, et je pourrais passer des heures à contempler les paysages qui s'offrent à moi. Comme dans la Vallée de la Mort et les autres parcs nationaux, la solennité qui se dégage de ces environnements uniques ne peut laisser de marbre, et l'âme repart toujours apaisée de cette rencontre avec la nature.

Great Foutain Geyser, Yellowstone.

Panaches de fin de journée au Yellowstone.

Le jour touche à sa fin...

Les vapeurs souffrées du Yellowstone, un régal, ou un pur dégoût, c'est selon !

L'eau érode en permanence le terrain.

Lower Geyser Basin, Yellowstone.

Lower Geyser Basin, Yellowstone.

Lower Geyser Basin, Yellowstone.

Paysage lunaire au Lower Geyser Basin, Yellowstone.

Lower Geyser Basin, Yellowstone.

    Mardi 23 Août 2011. Cette fois-ci, j'ai pris soin d'enfiler trois paires de chaussettes et autant de gilets afin de ne pas trembler de froid sous ma tente. Les autres campeurs sont également matinaux, et c'est à plusieurs que nous quittons le campement pour poursuivre notre route le long de la grande boucle du Yellowstone. Premier arrêt au niveau de l' "Artist Paint Pot", ou pot de peinture de l'artiste. On y trouve plusieurs gros bassins remplis d'une boue visqueuse blanchâtre émettant de doux "blob ! blob !" en crachotant à chaque instant, assez marrant à voir. Ensuite, arrêt à Mammoth Springs, les sources du Mammouth, petit havre de paix pour qui veut tremper ses petites fesses dans des bains bouillonnants à contempler les montagnes alentours. Les roches du lieu prennent des formes aussi improbables les unes que les autres, et l'altitude permet d'avoir une vue impressionnante sur la vallée, et notamment sur le village des Mammoths, comparable à une petite bourgade Pyrénéene, avec sa poste locale qui plus est !

De bon matin, dans la zone de l'Artist Paint Pot, Yellowstone.

Artist Paint Pot, Yellowstone.

Un panache de fumée accompagné d'un bruit du tonerre, au Lower Gesyer Basin, Yellowstone.

Lower Geyser Basin, Yellowstone.

Plateau des Mammoth Springs, au Nord-Ouest de la boucle du parc du Yellowstone.

Mammoth Springs, Yellowstone.

Mammoth Springs, Yellowstone.

Mammoth Springs, Yellowstone.

Mammoth Springs, Yellowstone.

Roches en forme d'escalier aux Mammoth Spring, Yellowstone.

Survivant solitaire, Mammoth Springs, Yellowstone.

Mammoth Springs, Yellowstone.

De loin la partie des Mammoth Springs la plus impressionante.

    Un des grands avantages du parc est qu'en seulement quelques kilomètres, les paysages changent du tout au tout. Ainsi, en poursuivant ma route, je me retrouve propulsé sur des plaines où la chaleur fait son retour, puis à suivre une rivière quelques centaines de mètres plus haut, observant au passage l'empreinte laissée par une coulée de lave issue d'une des fameuses explosions du volcan. En début d'après-midi, j'entame l'ascension du Mont-Washburn, point le plus élevé du parc, pour une randonnée de deux heures. Le vent souffle à décorner les boeufs, des plaques de neige parsèment encore certains bas-côtés, mais le soleil éclatant me réchauffe suffisamment, et je gravis sans encombres les 450 mètres de dénivelé menant au sommet. J'y découvre un poste de surveillance des incendies (une nouvelle fois contrôlés, comme dans la Sierra Nevada), qui offre une vue imprenable sur l'intégralité du territoire, avec les massifs du Grand Teton au loin. J'aperçois alors la prochaine et dernière étape de ma journée: le Grand Canyon du Yellowstone, véritable balafre dans le paysage.

Cascade au parc du Yellowstone.

Au Nord du parc, des petits airs de Massif Central.

Un tronc d'arbre comme "fossilisé" depuis la dernière éruption géante du Yellowstone.

Méandres d'une rivière au Yellowstone.

Les stries verticales ont été causées par une coulée de lave.

Vue plongeante au Yellowstone.

Vestige d'une activité géologique pour le moins dynamique !

La rivière poursuit son cours vers l'Est... je m'empresse de la suivre de ce pas.

Paysage près du Mont Washburn, à l'Est du parc.

Vue depuis le sommet du Mont-Washburn. La brume rend difficile la vue des montagnes du Grand Teton national Park, mais pour la petite info, c'est juste en face !

Refuge pour la surveillance des incendies.

Sommet du Mont Washburn.

Petit goûter improvisé pour nos deux compères, insecte et mammifère.

Plein Sud depuis le Mont Washburn !

Le Grand Canyon du Yellowstone, venant déchirer le paysage.

Parc National du Yellowstone.

Coyotte, qui n'a toujours pas retrouvé Bip-Bip, et qui commence à avoir la langue qui pend...

    Avec l'arrivée au Canyon, la boucle est pratiquement bouclée ! Je remarque beaucoup d'affluence dans le coin, et en profite pour remplir une partie du réservoir de la voiture, à un prix évidemment prohibitif, mais quand on n'a pas le choix... . Je descends le long d'un sentier afin de m'approcher au plus près de la chute d'eau la plus importante du canyon. Le débit est impressionnant, et l'eau amorce sa descente dans un tumulte et un fracas monstrueux. Le nom du Yellowstone, ou pierre jaune, a été donné aux lieux par les premiers explorateurs en raison de la couleur particulière des roches de ce canyon. Au moins, ils ont fait dans la simplicité, exit les noms pompeux ! C'est d'ailleurs le parc national le plus ancien des Etats-Unis.

    Je remonte le sentier, et m'arrête à plusieurs points de vue le long du versant Nord du Canyon, mais attention où l'on met les pieds ! Comme dans une bonne partie de l'Ouest des Etats-Unis, les tremblements de terre sont fréquents, et des portions de passereles d'observation se sont déjà effondrées dans le ravin. Des volontaires pour un aller simple au fond du canyon ?

Grand Canyon of Yellowstone.

Les tumultes de la rivière du Grand Canyon au Yellowstone.

Le Canyon est long d'une quarantaine de kilomètres.

Lower Falls, Grand Canyon of Yellowstone.

Lower Falls, Grand Canyon of Yellowstone.

Des petits airs du Seigneur des Anneaux ?

Lower Falls, Grand Canyon of Yellowstone.

Grand Canyon of Yellowstone.

    Une nouvelle journée s'achève, et je me dirige vers le sud, au camping de Bridge Bay. Sur la route, je retrouve mes vieux amis... les bisons ! J'avais laissé les derniers sur Antelope Island à l'étape précédente près de Salt Lake City, ceux du Yellowstone sont encore plus nombreux (4.000) mais tout aussi patauds. Ils se trainent près des bas-côtés, ou bien carrément en plein milieu de la route, occasionnant par la même occasion des bouchons. Oui, des bouchons dans un parc national en pleine nature, on aura tout vu... Malgré tout, l'animal sait se montrer imprévisible, comme en témoignent certains messages d'avertissement diffusés par les autorités du parc: visiteur, gare à tes fesses ! Peut-être est-ce une manière pour eux de venger les quelques 90 animaux heurtés par des véhicules chaque année...

Voici le bison version coupe estivale: tondu aux deux tiers pour un arrière-train qui respire la fraîcheur !

Les vastes prairies à l'Est du parc, sous un soleil couchant.

Le Yellowstone respire la zénitude !

Après avoir laissé derrière mois les dernières forêts, je me retrouve sur des plaines, véritables territoires des bisons.

Chez les bisons, les règles du code de la route s'apprennent en famille !

Yellowstone National Park.

La vue des bisons ne manque pas de créer rapidement des bouchons ...

Attention à ne pas énerver les bisons, si vous ne voulez pas vous retrouver  en pleine corrida !

L'herbe des bas-côtés de la route est particulièrement savoureuse, à en croire le nombre d'animaux présents.

Le chef de tribu me surveille de loin.

     Après une longue journée et toute cette énergie dépensée, je meurs de faim et dévore d'une traite mon plat pris dans le restaurant du lake Village, à recommander. La nuit est une nouvelle fois glaciale, mais c'est bon pour la peau, et je repars dès le lendemain matin pour prendre pour la première fois la direction du retour. Après avoir passé des semaines avec l'Ouest pour seul objectif, me voici parti vers l'Est à parcourir les terres du Wyoming. Quelques scènes au bords des lacs du Yellowstone marquent le moment pour moi de quitter ce parc absolument fantastique, véritable condensé d'une nature débordante d'énergie et de poésie. A coup sûr un des coups de coeur de ce big trip en Amérique !

Comme quoi, un corbeau peut très bien prendre la pose !

Ultime regard sur le lac du Yellowstone.

Et un dernier bison pour la route ! Le bougre prend son temps qui plus est.

En prenant la route vers l'Est, je tombe sur une série de petits lacs dont l'eau quasiment immobile fait apparaître de bien jolis reflets.

Lac au Yellostone, près de l'entrée Est du parc.

'Sens' dessus dessous, Yellowstone.
Miroir terni, Yellowstone.


    J'ai soudainement envie de me prendre pour un président... prochaine étape: le Mont Rushmore !



ON THE ROAD AGAIN !!!!