lundi 5 décembre 2011

Etape 22: Yellowstone (WY) - Mont Rushmore (SD)

ETAPE 22: YELLOWSTONE - MONT RUSHMORE


    En route pour 700 kms en une journée, à traverser littéralement l'Etat du Wyoming ! Une fois la zone du Yellowstone et des Rocheuses derrière moi, les paysages redeviennent arides et désertiques au possible. J'enchaîne les bourgades américaines typiques, avec une route principale flanquée sur ses bords de quelques boutiques locales, d'une paire de fast-foods, et d'une station essence à l'entrée et à la sortie de la ville. En dehors, circulez y'a rien à voir. Du coup, je ne m'attarde pas et appuie sur le champignon, peut-être un peu trop d'ailleurs....

    C'est parti pour la scène de l'arrestation par un flic en mode américain ! Je viens à peine de pénétrer dans une petite ville, et d'un coup d'oeil dans le rétro je me rends compte qu'un policier me colle au train. Je ne l'ai ni vu ni entendu arriver le salaud ! Au début, je ne sais pas trop s'il en a après moi ou le véhicule juste devant, qui roulait à la même vitesse. Pas le temps de se poser trop de questions, voilà que le flic fait retentir sa sirène avec les lumières qui vont avec. J'ai le coeur qui commence sérieusement à palpiter, et me gare, tout comme l'autre véhicule, sur le bas-côté. Apparemment, c'est à moi que Starsky veut avoir affaire, vu qu'il laisse la voiture repartir sans broncher. Qu'est ce qui m'attend maintenant, un traditionnel "sortez du véhicule, montrez-moi vos papiers, posez les mains sur le capot,  et bouclez-là !" ? Vais-je être jeté en taule avec un trognon de pain et un bol d'eau en guise de festin ? Vont-ils me prendre en photo, l'air démoli, tenant mon matricule de criminel entre les mains ? Vais-je enfin pouvoir m'évader avec ma fameuse petite cuillère de la douane, et valoir une rançon telle que je pourrai venger DSK de la justice américaine ??? 
    Eh bien pas tout à fait... je ne sais pas si c'est la météo particulièrement clémente, ou bien qu'il ait niqué la veille (ou les deux), mais mon ami le flic est dans un bon jour. Je baisse la vitre, adopte le traditionnel regard "chat potté" toujours de mise dans ce genre de situation, et prononce un "Hellow..." des plus honteux. Il me demande mon permis de conduire, et vu sa tête ahurie à la vue du petit papier rose froissé, je me dis qu'il ne doit pas souvent voir de frenchies par ici. Bref, il tente d'examiner le document, le retourne dans tous les sens, des fois qu'il arrive soudainement à lire le français en verlan, et me demande pourquoi je suis si pressé. Mais bon sang mon gars, c'est bien sûr ! Pourquoi voudrais-je à tout prix quitter au plus vite une ville qui a autant d'intérêt que la vie sexuelle du Pape ? (quoique...) Je me prends donc ma petite remontrance de circonstance, boucle ma ceinture et repars à fond les manettes en faisant crisser les pneus avec un gros bras d'honneur à travers la vitre ! 

    Je finis par arriver dans la contrée de Buffalo Bill, le plus célèbre chasseur de bisons de l'Ouest américain (il fournissait en viande les ouvriers des chemins de fer du Kansas tout proche), mais aussi, et on le sait moins, metteur en scène de théâtre ! Comme quoi, être barbare et artiste, c'est possible.

Buffalo Bill State Park, avec son réservoir d'eau artificiel.


Une vanne du barrage Dam, dans le Wyoming.


Buffalo Bill Reservoir, Wyoming.


Shoshone River, en aval du barrage Dam, Wyoming.


Construit entre 1905 et 1910, le barrage Dam était le plus haut de son époque (100m).


Buffalo Bill Reservoir, Wyoming.


    Après une bonne nuit bien méritée, je me réveille au beau milieu de la forêt nationale des Black Hills (colline noires). En réalité, il s'agit d'une petite chaîne de montagnes situées dans le Dakota du Sud, véritable sujet de tensions entre les peuples amérindiens et les envahisseurs américains. Pour la petite histoire, dans la seconde moitié du XIXème siècle, des explorateurs américains parvinrent jusqu'aux Black Hills, où vivaient le tribu Sioux des Lakotas. C'est la grande époque de la conquête de l'Ouest, et la région se trouve être particulièrement riche en gisements d'or. Des centaines de chercheurs arrivent alors sur ces terres, et les autorités, après avoir tenté des "négociations" avec les Sioux (c'est à dire "partez ou mourrez")  finissent par déclencher une guerre (la bataille de Little Big Horn), toute ressemblance avec des évènements récents étant tout à fait fortuite. S'en suit la fuite des Sioux hors de leur territoire originel (on retiendra la mort du chef  'Crazy Horse' qui adorait se frotter l'entre-jambe contre une barre verticale, ou bien la fuite au Canada de Sitting-Bull, ancêtre de Pitt, because I know you want me, comprenne qui pourra).

    Dans les années 1980, les Etats-Unis reconnurent leur erreur (il n'est jamais trop tard !), et proposèrent aux descendants des Sioux de leur verser des indemnités (y compris les intérêts) suite à leur expropriation, ce qu'ils refusèrent, réclamant qu'on leur redonne le territoire des Black Hills. Aujourd'hui, l'offre est toujours en cours, et s'élève à près de 800 millions de dollards...

Black Hills National Forest, Dakota du Sud.
 

    Après quelques kilomètres effectués en direction du nord, j'arrive enfin au fameux Mont Rushmore. Le Lonely Planet avait pourtant prévenu, je n'ai pas été déçu: c'est une véritable mini-usine à touristes. Visité par près de 2 millions de touristes chaque année, il s'agit d'un monument classé 'mémorial national', et réalisé de 1927 à 1941, six mois par an par 400 ouvriers sous la direction du sculpteur Gutzon Borglum. Même si les visages semblent fins, la méthode de construction utilisée pour les trois quarts de la roche a été la dynamite ! A l'origine, l'oeuvre devait représenter les bustes entiers des quatre présidents américains, mais faute de moyens, on se contenta de leurs visages. Les statues, de 18 mètres de haut chacune, représentent les quatre dirigeants les plus marquants de l'histoire américaine, bien qu'une controverse persiste quant au choix de Théodore Roosevelt, qui, comme par le plus grand des hasards, était ami avec le sculpteur en chef de l'oeuvre. Collusion ? Vous avez dit collusion ? ...

    L'arrivée sur les lieux nous met directement dans le bain de la vache à lait: un ensemble de postes, comparable à un péage, où l'on s'acquitte du droit d'entrée, puis un énorme parking bétonné sur plusieurs niveaux, tout cela au beau milieu des Black Hills. Je remonte à la surface et me dirige vers l'entrée monumentale, et quelque peu pompeuse, du mémorial...

Entrée du National Memorial du Mont Rushmore, Dakota du Sud.


Patriotisme un jour, patriotisme toujours !


    En progressant, je me retrouve face aux boutiques, snack, buvette, tout cela avant même m'être rendu au pied du monument ! Du coup, la visite étant programmée dans quelques minutes, je décide d'aller faire les boutiques, qui sait ce que j'y trouverai d'intéressant... Après quelques instants de surprise face à l'aspect industriel du merchandising, je m'amuse des magnets made in China censés représenter toute la grandeur de l'Amérique, et repars les mains 'presque vides' (j'avoue, même après deux mois et demi de big trip, je trouve toujours le moyen d'acheter des conneries...). S'ensuit une visite guidée par un ranger (en réalité un étudiant en histoire de l'Art venu pour un job d'été, et pour qui c'était la dernière 'représentation') pour un moment bétaillère très instructif ! Qu'il est bon de progresser au milieu d'une centaine de personnes, sur un chemin d'à peine deux mètres de large, en entendant piailler des mégères!

De gauche à droite, Georges Washington, Thomas Jefferson, Théodore Roosevelt et Abraham Lincoln.

De gauche à droite, Georges Washington, Thomas Jefferson, Théodore Roosevelt, Abraham Lincoln et Clément Cousin... puisqu'on a paraît-il tous le droit à notre heure de gloire...


Georges, mon yéti.

    L'instant culturel terminé, je me rends à l'atelier de l'artiste, où il est possible de contempler la maquette originelle des statues du Mont Rushmore (donc celle avec les bustes inachevés), mais également d'aller aux toilettes ! Et là, attention, c'est la fête du slip ! Pour ceux qui n'auraient jamais mis les pieds en Amérique du Nord, la coutume veut que les toilettes ne soient pas des plus intimes. Ne soyez-donc pas surpris de pénétrer dans votre cabine et, tout en vous retournant après avoir essuyé les immondices qui parsèment la cuvette, de constater le vide séparant la porte de ses montants. C'est bien simple, on peut très souvent, si nos pulsions perverses ne peuvent être réfrénées, mater tout ce qui se trouve à l'intérieur, ou inversement. Le souci au Mont-Rushmore, c'est qu'on peut carrément y passer la main ! Pratique pour un open-bar de papier toilette, mais pas vraiment confortable, il faut l'avouer...


Maquette originelle du sculpteur.


Et là on dit: "Coucou le cucul !!!!"

    Remis de mes émotions, je me dirige vers la sortie en me goinfrant au passage d'une gigantesque glace à l'italienne tout à fait raccord avec le lieu, croise un distributeur de boissons qui tente vainement de se camoufler dans le décor, et enfourche mon fidèle destrier pour de nouvelles aventures. Suivant toujours la direction de l'Est, la prochaine étape me conduira dans la ville de la prohibition, véritable grand écart entre Al Capone et Barrack Obama. Chicago, me voilà!

Si ce qui vous vient en tête est "slurp !" ou "burgl !", rien d'inquiétant, vous êtes tout à fait normal.


Finalement, pas la peine d'aller jusqu'au monument, on a les mêmes sur le distributeur de Coca !

ON THE ROAD AGAIN !!!!!


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