mercredi 12 octobre 2011

Etape 19: San Francisco (CA) - Sierra Nevada

ETAPE 19:  SAN FRANCISCO - SIERRA NEVADA
    Dimanche 14 Août 2011. Après avoir roulé la veille en direction de l'Est, puis du Sud, je me suis retrouvé à dormir dans la ville de Fresno, dans la vallée de San Joaquin. Pas évident de trouver un camping en s'aidant du GPS, les points d'intérêts sont très mal référencés (du moins pour les modèles TomTom) et font perdre beaucoup de temps en recherches infructueuses. Pour le premier essai, je me suis d'abord retrouvé dans une zone pavillonaire au beau milieu de maison cossues, je me voyais mal planter la tente sur la première pelouse fraîchement tondue à côté de la Jeep et de la niche du chien. La deuxième tentative, tout aussi ratée, m'a fait aterrir en pleine campagne, où la vue d'un champ orné de vaches, après avoir suivi un chemin chaotique jonché de pierres, me fit regretter l'achat de ce maudit GPS. Pour le troisième essai, je me suis rendu à l'entrée d'un complexe pétro-chimique. Visiblement, passer la nuit au milieu des cuves d'éthanol ou d'un entrepôt d'ammoniac ne choque personne chez TomTom. Je pourrai encore continuer longtemps, entre la citadelle pour personnes âgées dont les murs n'ont rien à envier à ceux d'une forteresse ou l'école primaire du quartier, c'est au bout de pas moins dix tentatives que j'ai pu trouver où passer la nuit. Bon, c'est un camping pour RV (recreational vehicle, c'est à dire les camping car), mais au moins ils ont une petite parcelle de pelouse où je peux poser ma tente, et c'est tout ce que je demande !

    Je prends alors la route de la Sierra Nevada (châines de montagnes enneigées en espagnol) à l'Est de la Californie. Le temps est clair, la température élevée, et je ne risque pas de voir de la neige à cette saison, bien qu'on puisse en trouver par endroits jusqu'en Juin. S'étendant sur pas moins de 650 kilomètres de long et 100 à 130 de large, la Sierra Nevada est plus vaste que les Alpes (France, Suisse et Italie considérées), et y trône le sommet le plus élevé des 48 Etats contigus des Etats-Unis, le Mont Whitney, avec ses 4421 mètres !
    
    Les terres que je traverse sont arides au possible, et les herbes jaunies sous l'écrasante chaleur des jours d'été s'étendent jusqu'aux collines annonciatrices des montagnes derrière la ligne d'horizon. Plus je progresse vers l'Est, moins les véhicules sont nombreux, et seuls quelques rares villages, encore bien vivants eux, sont là pour me rappeler que je suis sur le bon chemin. 

    Aux Etats-Unis, un certain nombre de parcs nationaux sont précédés de forêts nationales, entretenues par le service éponyme, et qui constitue une sorte de mise en bouche à ce qui nous attend ensuite, comme une zone tampon où il n'est pas nécessaire de se procurer un pass pour profiter de la nature environnante.

Entrée de la Sequoia National Forest.
En prenant de l'altitude, on peut apercevoir des feux de forêts en plusieurs endroits. Les services des forêts nationales et ceux des parcs nationaux se chargent de maîtriser les incendies pour permettre à la forêt de se développer et de continuer à croître avec les années.
    Après une bonne heure de route, la pente s'accroît soudainement et les premiers sapins font leur apparition sur des terres toujours aussi sèches. Les virages deviennent plus tortueux, et je prends vite de l'altitude jusqu'à arriver à l'entrée du "Sequoia and Kings Canyon National Park", puis m'acquitte des 20$ de droit d'entrée. Il s'agit en réalité de deux parcs différents gérés comme une seule et même entité. Le parc national du Sequoia, créé en 1890, est le second plus vieux parc national du pays, et regroupe un ensemble de forêts et monts rocheux, où l'on peut trouver les arbres parmi les plus massifs du monde: les séquoias géants. 

    Je me mets alors à emprunter la route du Sud, menant directement au parc des séquoias, et plante ma tente dans le camping de Dorst Creek. Par chance, il est encore tôt dans la matinée, et quelques emplacements sont  libres. En revanche, les rangers me font prendre connaissance des mesures de sécurité à respecter vis-à-vis du stockage de nourriture par rapport aux... ours ! Il s'agit d'une espèce très répandue dans la région, craintive, mais sans plus, et qui a parfois tendance à visiter les campings, peu importe la saison. Il est donc fortement déconseillé de garder la nourriture ou produits de toilette à vue dans la voiture (qui plus est des aliments déballés), et encore moins dans la tente ! C'est pourquoi on trouve des containers en métal à l'épreuve des ours à côté de chaque site, histoire que le visiteur puisse dormir sur ses deux oreilles, une rencontre avec l'animal en question n'ayant en général rien à voir avec un goûter avec Winnie l'ourson...

Sequoia National Park.
    Je commence par une randonnée relativement facile, débutant au Lodgepole Village, et permettant de rejoindre les cascades Tokopah, cachées au fond d'une large vallée, sous un soleil radieux, et au pied de massifs à qui le terme 'imposant' ne rend pas honneur. La remontée de la rivière Kaweah me donne l'occasion de tremper les pieds dans une eau glaciale, là où les méandres du cours d'eau permettent l'apparition de criques à l'eau d'une pureté incroyable. Au passage, j'ai failli assister à la "noyade" d'une gamine habillée en pyjama et pour qui glisser dans une flaque de 20cm d'épaisseur à côté de sa mère avait tout l'air d'une fin du monde !

Sequoia National Park.
Sequoia National Park.
Sequoia National Park.

Sequoia National Park.
Par endroits, le courant des rivières peut-être assez rapide, et la température de l'eau vraiment très froide pour entraîner des hypothermies sévères et noyades mortelles... on n'est jamais trop prudent !  
Rivière Kaweah, Sequoia National Park.
En remontant la rivière Kaweah jusqu'au fond de la vallée: les petites chutes Tokopah.
Chutes Tokopah.
Sur le chemin du retour, j'ai pu apercevoir un ours noir, visiblement encore jeune.
Vallée de la rivière Kaweah, Sequoia National Park.
Petite partie de cache-cache entre les pierres !
    Plus au Sud, je me rends dans la Giant Forest, où se trouvent l'un des plus gros points d'intérêt du parc. En effet, on y trouve une surconcentration de séquoias géants absolument phénoménale. Je me suis pris à errer au milieu de ces dinosaures végétaux (ils ont en moyenne 3200 ans) tout en écoutant la douce musique de la forêt. Et c'est bien là que réside le contraste de cet espace hors du temps, avec une faune très diversifiée jouant sa symphonie animale au beau milieu de géants de bois et de de feuilles, que rien ne semble pouvoir perturber. Les seuls signes visibles de la mort des séquoias sont les énormes troncs tombés au sol, balafrant le paysage de leur imposant squelette brisé, comme si, dans un dernier élan d'orgueil, le mastodonte nous signifiait que, même après sa chute, lui et lui seul demeurait le roi de la forêt.

    D'une manière générale, les séquoias ne meurent pas de vieillesse. Les arbres produisent des substances chimiques leur permettant de résister à la plupart des maladies et aux insectes. Pour ce qui est des feux de forêts, leur écorce très épaisse les rend pratiquement invulnérables à la chaleur et aux flammes. Mais qui peut bien avoir raison des séquoias ? La réponse est simple: le temps. Non pas dans le sens d'une vieillesse conduisant à la mort de l'arbre, comme pour beaucoup d'autres espèces, mais dans le sens où, soumis aux épreuves climatiques et à la fragilité du sol (par le feu, l'érosion, ou l'humidité), le système racinaire du séquoia ne tiendra pas le coup. Relativement peu développé, il ne permet pas aux plus vieux séquoias, hauts et massifs, de supporter un affaissement localisé du sol ou des vents trop forts venant secouer l'arbre dont la base finira par céder sous l'effet de levier engendré.

Fragment brisé, Sequoia National Park.
"Aube", Sequoia National Park"
Sequoia balafré, Sequoia National Park.
Sequoia boursouflé, Sequoia National Park.
Coupe d'une racine d'un sequoia de taille moyenne, Sequoia National Park.
Vertiges, Sequoia National Park.
Sequoia National Park.
Quand un sequoia tombé au sol coupe un sentier, la première solution est de passer dessous...
... et la seconde, de passer à travers !
Numéro d'équilibriste, Sequoia National Park.
Base d'un sequoia. Les plus gros d'entre eux peuvent avoir une base de 12 mètres de diamètre.
Sequoia National Park.
Certains spécimens ont droit à leur petit nom, en général lié à la politique. Ici, le Président.
Système racinaire d'un séquoia au sol, Sequoia National Park.
Duel de générations, à droite les jeunes, à gauche les anciens. Qui de la fougue ou de la sagesse l'emportera ? 
La Maison (en réalité, la chambre des députés).
"Fêlure du passé", Sequoia National Park.
Frères siamois, Sequoia National Park.
Frères siamois, Sequoia National park.
Giant Forest, Sequoia National Park.
Grands écart au pied des géants, Sequoia National Park.
La lumière au bout du tunnel, Sequoia National Park.
Giant Forest, Sequoia National Park.
    En terme de volume de bois, le sequoia est le plus gros arbre du monde. On sait par ailleurs qu'au moins trois autres espèces d'arbres vivent plus longtemps, une seule a un diamètre plus gros, trois autres poussent plus haut, mais tous les paramètres pris ensemble, le sequoia l'emporte haut la main. En première position sur le podium de la catégorie plus gros séquoia du monde, et en conséquence, plus gros arbre du monde, on trouve le General Sherman Tree, dont l'âge est estimé à 2.200 ans ! 

Le plus gros arbre du monde, en terme de volume de bois:  le General Sherman Tree.
General Sherman Tree.
"Crépuscule", Sequoia National Park.
    La nuit tombe sur le Sequoia National Park, accompagnée du froid montagnard. Je retourne au camping, et après avoir vérifié à la frontale qu'aucun ours noir ne s'apprêtait à faire de moi (ou de mes Oreos) son festin du soir, je m'endors calmement, l'air de la montagne, ça épuise !

    Le lendemain, je poursuis mon chemin au Sud de la Giant Forest. L'occasion de croiser un écureuil en bien piteux état, et une famille d'ours en guise d'avertissement:

On dirait presque une oeuvre d'art tant l'écureuil est méconaissable...
Ohhhh, comme c'est mignon... à condition que ça ne se retrouve pas dans le même état que l'écureuil.
    J'arrive alors au Moro Rock, point d'observation du parc réputé pour sa vue imprenable sur la vallée, et si le temps le permet, sur celle de San Joaquin, là où se situe Fresno. Il s'agit d'un énorme bloc de granit depuis lequel on peut avoir une vue à 360° sur les alentours, et les quelques 400 marches nécessaires à l'ascension du mont rocheux en valent largement la peine !

Ascension du Moro Rock, altitude 2050m, Sequoia National Park.
Vue sur la vallée en contrebas, Sequoia National Park.
Au loin, la vallée de San Joaquin. Tout comme à Los Angeles, un couche de pollution vient réduire la visibilité. Les vents dominants, d'Ouest en Est, ramènent les masses d'air chargées des particules en provenance des villes polluées de la côte, lesquelles masses se trouvent piégées sur les versants Ouest de la Sierra Nevada et dans la vallée au loin.
Moro Rock, Sequoia National Park.
Vue depuis le Moro Rock, Sequoia National Park.
    En poursuivant ma route, je suis passé à travers un tronc de sequoia, non pas à pied, mais en voiture, pour rejoindre une pouponnière. Surnommée "Gem of the sierras" (joyau des montagnes), la zone de Crescent Meadow est un petit havre de paix perdu au beau milieu de la Giant Forest, et si les Champs Elysées de la mythologie devaient exister, nul doute qu'ils se trouveraient ici. 

Tunnel Log. Le sequoia mesurait à l'origine 85 mètres de hauteur pour 6,4 mètres de large. Il s'est écroulé en 1937.
La Focus, à l'aise !
Crescent Meadow, Sequoia National Park.
Crescent Meadow, Sequoia National Park.
Crescent Meadow, Sequoia National Park.
Un dernier Sequoia pour la route, et ça repart !
Frêle bouquet à Crescent Meadow, Sequoia National Park.
Crescent Meadow, Sequoia National park.
Crescent Meadow, Sequoia National Park.
    En cette journée du 15 Août, je quitte les sentiers du parc national des séquoias pour rebrousser chemin plus au Nord, et découvrir le deuxième parc naturel des environs: le Kings Canyon National Park. Créé en 1940, il est particulièrement connu pour abriter d'autres forêts de séquoias, mais surtout un des canyons les plus profonds des Etats-Unis. Il surpasse en effet le Grand Canyon puisque sa profondeur maximale atteint 2.500 mètres, mais demeure moins spectaculaire puisqu'il ne s'agit pas ici de falaises abruptes permettant de surplomber le vide. 

    La route menant au canyon est des plus agréables. J'ai pu croiser des zones d'activités nautiques le long des rivières et des points de vue sur des vallées toutes plus renversantes les unes que les autres. Par contre, attention au réservoir ! En effet, rouler au coeur des parcs nationaux est synonyme d'un grand nombre de kilomètres parcourus, mieux vaut avoir fait le plein avant de partir. Bien sûr, on peut trouver des stations services à l'intérieur des parcs, mais elles se comptent sur les doigts d'une main et affichent des prix bien supérieurs à la normale. 

Sequoia and Kings Canyon National Park.
Vallée du Kings Canyon National Park.
Une des nombreuses rivières, dont l'eau provient directement des glaciers, parcourant le Kings Canyon National Park.
    En suivant la tumultueuse South Fork Kings River, je me retrouve à la "fin de la route". Plus moyen d'avancer plus avant avec un véhicule. Le parc s'étend encore sur une surface considérable au-delà des montagnes, que seuls les plus courageux et randonneurs confirmés auront le plaisir de découvrir. Des kilomètres de sentiers de randonnée permettent de partir découvrir les monts les plus élevés du coin (frôlant les 4.300 mètres), des lacs de montagne, des cascades et autres merveilles de la nature. En ce sens, le Kings Canyon National Park est beaucoup moins orienté grand public que son grand frère le Séquoia.

    Pour ma part, n'ayant ni le temps ni les moyens de me la jouer aventurier, je choisis une randonnée accessible d'une quinzaine de kilomètres, en remontant le cours d'une rivière jusqu'aux Mist Falls (chutes de brume). Je guette les abords du sentier dans l'espoir, malheureusement vain, d'apercevoir un ours noir. 

Kings Canyon National Park.
Kings Canyon National Park.
"Atteindre des sommets", Kings Canyon National Park.
South Fork King's River, Kings Canyon National Park.
South Fork King's River, Kings Canyon National Park.
Kings Canyon National Park.

Kings Canyon National Park.
South Fork Kings River, Kings Canyon National Park.
Au bout de la randonnée, les Mist Falls dégagent un brouillard à vous glacer les os.
C'est un peu loupé pour le camouflage...
    Il est déjà plus de 18 heures, l'obscurité gagne du terrain et avec le jour qui s'en va, des hordes de moustiques et mouches voraces sortent des hautes herbes pour venir s'aggripper à moi et ne plus me lâcher. J'ai beau courir, ça ne sert à rien, il en sort d'absolument partout ! Une fois rentré à la voiture, je me dirige vers l'Ouest pour retourner passer la nuit à Fresno, qui me servira de base de départ pour le dernier des trois parcs nationaux visités dans la Sierra Nevada: le Yosemite.

Fin de journée à Kings Canyon National Park.
Dernières lueurs du soleil à Kings Canyon national Park.
South Fork King's River, Kings Canyon National Park.
Kings Canyon National Park.
    Depuis les versants occidentaux de la Sierra Nevada, je contemple le dernier coucher de Soleil sur les vallées de la Californie, avec très au loin, le Pacifique. Demain, je prendrai définitivement la direction de l'Est, pour ne plus me retourner.

La nuit tombe sur la Californie et les lumières de Fresno apparaissent au loin.
    Le Yosemite fait partie des parcs naturels les plus connus aux Etats-Unis. Visité par près de 4 millions de visiteurs chaque année, il s'étend sur quelques 3.000 kilomètres carré, et on peut aisément le parcourir, que l'on soit à pied, le long des 1.300 kilomètres de sentiers de randonnée, ou en voiture en suivant les 560 kilomètres de routes... autant dire que c'est une véritable usine à touristes ! C'est ce qui m'a d'ailleurs frappé en premier: le nombre de voitures présentes sur les routes. Ajoutez à cela l'éternelle mollesse des américains au volant, je me suis vite retrouvé à pester contre des larves, qu'il était rarement possible de doubler vu la tortuosité du trajet. 

Vallée du parc national du Yosemite.
Les Yosemite Falls (chutes du Yosemite), au coeur de la vallé éponyme. D'une hauteur totale de 740 mètres, elles se décomposent en trois palliers, et sont à la sixième place des chutes les plus hautes d'Amérique du Nord, et à la vingtième au niveau mondial.
Ci-dessus, El Capitan, la plus haute falaise entière au monde. Il s'agit d'une paroi de 900 mètres de haut, qu'il est possible d'escalader à travers plus de 70 cheminements possibles.
El Capitan, Yosemite National Park.
Les autorités du parc procèdent également à des incendies contrôlés depuis les années 70, pour favoriser la régénération de l'écosystème. En effet, si rien n'est fait, les troncs et branches morts jonchant les sols constituent un carburant idéal pour le feu. En été cependant, un certain nombre de départs de feu sont provoqués par la négligence des touristes ou la foudre.
Comme dans les parcs précédents, on trouve des chutes d'eau absolument partout.
Arrêt sur image, Yosemite National Park.
Le Yosemite comprend pas moins de 135 espèces d'oiseaux...
... et 80 espèces de mammifères, dont le fameux ours noir, très curieux et gourmand ! Autrefois, les ours étaient nourris par les hommes, entraînant de nombreux accidents, parfois très graves. Depuis, des programmes de sensibilisation et l'interdiction de nourrir l'animal ont diminué le nombre d'attaques, bien que deux à trois spécimens particulièrement agressifs doivent être abattus chaque année.
    J'avais eu de la chance avec les camping du Sequoia National Park, qui n'étaient pas encore complets lorsque je m'y suis présenté. En revanche, pour le Yosemite, tout est overbooké ! Comme toujours, je n'avais rien réservé, et je me retrouve bien embêté à faire le tour des sites pour les voir tous afficher complet. Pourtant, le parc en compte un peu moins d'une vingtaine, mais face au flot de touristes durant la période estivale, c'est bien maigre pour loger tout ce petit monde ! Ayant épuisé toutes les possibilités, et n'envisageant pas de me farcir un aller-retour de 4 heures jusque Fresno, je m'approche d'une cahutte d'un camping affichant complet. Le ranger m'annonce que des emplacements de tente sont encore disponibles... pourquoi diable signifier qu'il n'y a plus de place dans ce cas ? Visiblement, c'est une tactique des autorités du parc qui préfèrent ne pas tout solder dès la matinée, et se garder quelques emplacements sous le coude pour le milieu ou la fin de journée. Au final, si vous voulez dormir au Yosemite, réservez bien à l'avance, ou alors allez-y au culot, vous aurez alors peut-être l'agréable surprise de décrocher une précieuse place !

Consignes à respecter, notamment pour le camping, vis-à-vis du stockage de nourriture. On risque même une amende de 5.000 $ !!!
    Une fois la tente plantée, je file vers la partie du parc la plus connue, donc la plus visitée: la vallée du Yosemite, bien qu'elle ne représente qu'1% de la surface totale du lieu. C'est ici que le sentiment d'autoroute à touristes et de manque d'authenticité se fait le plus cruellement ressentir. Des navettes de bus en grand nombre parcourent les routes de la vallée, des dizaines de voitures sont garées sur les bas-côtés comme lors du tour de France, et en poursuivant le chemin, on tombe sur des hôtels, un supermarché, des parkings à foison... bref, rien de très "naturel". Le point de vue est en revanche vraiment impressionnant, de par la présence des falaises abruptes sur chaque pan de la vallée, qui grouille d'une vie aussi bien végétale, animale, que minérale. Des cascades viennent animer cette nature luxuriante en plusieurs points, et constituent de véritables spots  pour touristes... un peu dommage qu'il y en ait autant, le plaisir s'en trouve quelque peu gâché. Je poursuis ma route autour du Mirror Lake, une étendue d'eau si paisible qu'on peut y voir tous les reflets du paysage environnant, comme un mirroir gigantesque... mouais, pas aujourd'hui en tout cas. 

Les chutes Bridalveil.
Zone de récréation. Au programmes: baignades, plongeons, canoe, etc.
Mirror Lake, Yosemite National Park.
Yosemite National Park.
Vallée du Yosemite, Yosemite National Park.
    En fin de journée, je prends la route du Glacier Point à travers les feux de forêts. Des petits foyers crépitent encore de part et d'autre de la route, et je progresse le long de l'asphalte à travers une fumée épaisse... j'espère que les pompiers du coin maîtrisent leur sujet ! L'ambiance est des plus étranges, mais je finis par arriver au sommet de la falaise sans encombres. 
    La vue qui s'offre alors à moi me laisse bouche bée. Les couleurs rosées du crépuscule viennent draper le Yosemite d'un paisible voile qui met en valeur les reliefs environnants. Les cascades se dessinent au loin, tout comme le Half-Dome. C'est un peu l'emblême du Yosemite, puisqu'il surplombe la vallée 1440 mètres plus haut. Son sommet se trouve à 2693 mètres d'altitude et il est possible d'y grimper en suivant un sentier de randonnée d'environ 14 kilomètres de long. Ca sera pour la prochaine fois ! La particularité de cet énorme bloc de granit est qu'une partie de la roche ressemble à une falaise, l'autre à un demi-dôme bien bombé. La vue depuis le Glacier Point permet également de surplomber la vallée du Yosemite, que j'ai pu parcourir plus tôt dans la journée... elle paraît maintenant bien petite. Enfin, j'ai pu constater que les cerfs et biches du parc ne sont vraiment pas des plus farouches, et auraient même une certaine tendance à vouloir prendre la pose devant les touristes, jamais les derniers pour matraquer l'animal !

Vue depuis le Glacier Point, Yosemite National Park.
Half-Dome, Yosemite National Park.
Premier cerf du Big Trip ! Eh oui, il n'est jamais trop tard.
Douce fin de journée au Yosemite National Park.

Festin du soir pour ce cerf et cette biche, Yosemite National Park.
Vue depuis le Glacier Point, Yosemite National Park.
Vallée du Yosemite, Yosemite National Park.
Cerf (admirez cette pose de star !) du Yosemite National Park.
1440 mètres de haut pour le Half-Dome, Yosemite National Park.
    Je retourne au camping, cette fois la fumée à travers laquelle je dois passer est encore plus épaisse qu'à l'aller. L'obscurité profonde fait soudain jaillir les flammèches entre les silhouettes des sapins qui se dessinent telles des ombres chinoises, conférant au lieu des airs de décor apocalyptique. Une fois rentré près de ma tente, je me mets à contempler un ciel étoilé comme jamais il ne m'a été donné de voir dans ma vie. La voûte céleste scintille de milliers d'éclats et je me mets soudain à rêver que pour une fois, le ciel puisse me tomber sur la tête...

    Après avoir passé une nuit bien froide à voir le mercure descendre aux alentours des 7°C, je me remets en chemin en direction du Nord-Est afin de découvrir un des derniers joyaux du parc: les Tuolumne Meadows (prairies Tuolumne). Auparavant recouvertes par des glaciers, ces vastes étendues d'herbes et de rivières, culminant à près de 2.700 mètres d'latitude, constituent un petit bijou de sérenité et un paradis pour les randonneurs, leur offrant lacs et montagnes pour varier les plaisirs. Après avoir suivi une randonnée d'une paire d'heures me permettant d'avoir une vue panoramique sur les alentours, je retourne sur mes pas et me pose quelques instants au bord d'une vaste étendue d'eau. Ces trois jours au coeur des parcs nationaux de la Californie m'auront une fois de plus permis de découvrir une autre facette de la nature américaine, beaucoup plus foisonnante et verte que les terres arides du Colorado. S'il est vrai que la présence disproportionnée des touristes dans certaines zones du Yosemite tend à rendre l'expérience un peu décevante, il n'en reste pas moins un parc incontournable. Le duo Sequoia et Kings Canyon n'est pas en reste, chaque parc proposant suffisamment de différences justifiant à elles seules plusieures heures, voire journées, pour les visiter. En résumé, la Sierra Nevada est une véritable ode à la Nature, avec un grand N !

Half-Dome vu depuis l'Est du parc Yosemite.
Zone de Tuolumne Meadows, Yosemite National Park.
Tuolumne Meadows, Yosemite National Park.
Zone de Tuolumne Meadows, Yosemite National Park.
Zone de Tuolumne Meadows, Yosemite National Park.
Sentier près des Tuolumne Meadows, Yosemite National Park.
Pour cette rando à Tuolumne Meadows, je pars grimper ce pic rocheux, histoire d'avoir un panorama des plus sympathiques !
Tuolumne Meadows, Yosemite National Park.
Tuolumne Meadows, Yosemite National Park.
Tuolumne Meadows, Yosemite National Park.
Tuolumne Meadows, Yosemite National Park.
Il fait chaud dehors, pourtant, la neige est encore visible par plaques sur certains sommets.
Tuolumne Meadows, Yosemite National Park.
    En cet après-midi du 17 Août 2011, je quitte définitivement les terres du Yosemite et rejoint la frontière orientale de la Californie. La route descend brutalement, des dizaines de panneaux avertisseurs de chutes de pierres viennent me rassurer, et je me retrouve rapidement sur les plateaux jouxtant l'Etat du Nevada. Une petite pause au bord du Mono Lake me permet d'en apprendre un peu plus sur cette formation naturelle singulière. Il s'agit d'un lac salé, tellement salé d'ailleurs qu'aucun poisson n'y vit, seule une espèce de crevettes le peut, ce qui fait du lac un passage prisé pour les oiseaux migrateurs. Durant plusieurs décennies, cette vaste étendue d'eau a constitué une réserve pour la consommation du comté de Los Angeles, et elle se vida progressivement jusqu'à ce qu'un groupe de citoyens se mobilise pour sa protection. Aujourd'hui, le lac est surtout connu pour avoir été le lieu d'une découverte scientifique importante en 2008: jusqu'à ce jour, c'est le seul endroit sur Terre où l'on peut trouver des cyanobactéries utilisant une photosynthèse basée sur l'arsenic, et non l'eau. Les chercheurs ont émis l'hypothèse que ces bactéries aient pu être parmi les premières à peupler notre planète dans son état primitif.

Près de la frontière orientale du parc, un des derniers paysages du Yosemite.
Mono Lake, Californie.
Mono Lake, Californie.
    En parcourant les terres arides du Nevada, je suis passé par une route depuis laquelle un gigantesque incendie s'était déclaré. Les pompiers du coin étaient d'ailleurs tous affairés à protéger les habitations menacées et à lutter tant bien que mal contre les flammes qui avaient déjà consumé des pans entiers des collines, et se dirigeaient vers la montagne. L'ensemble avait étrangement des airs de volcan en furie ...

Incendie sur les terres du Nevada.
Une lutte bien inégale...
    Je passe la nuit à Carson City, petite ville du Nord du Nevada sans grand intérêt, mais n'ai malheureusement pas le temps de me rendre au lac Tahoe, tout proche. Je me le réserve pour un prochain voyage, c'est certain. 

Après Montpellier, voici Toulon, mais sans la Méditerranée !
     Le lendemain, je passe à travers la ville de Reno où les hôtels et affiches de spectacles dépassés n'en font qu'une pâle copie de Las Vegas, et poursuis ma route à travers le désert américain en direction de l'Est, pour la prochaine étape du BigTrip. Cette fois-ci, je m'en vais prier le seigneur avec un pied dans un lac de sel, et l'autre chez les Mormons. Ca sent bigrement l'illumination tout ça...

Au loin derrière les montagnes, la prochaine étape: Salt Lake City !

ON THE ROAD AGAIN !!!!


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