vendredi 16 septembre 2011

Etape 16: Las Vegas (NV) - Death Valley (CA)

ETAPE 16:    LAS VEGAS - DEATH VALLEY
    En cette fin de journée de 2 Août 2011, nous laissons derrière nous les hôtels et autres tours de Las Vegas pour prendre la route des montagnes de l'Ouest. Les habitations sont de plus en plus rares, les stations-services se font désirer, et la deux voies devient sans cesse plus sinueuse.Ces quelques heures passées à rouler en direction de la Vallée de la Mort nous permettent d'admirer un coucher de soleil apaisant, qui associé à la plénitude des paysages alentours, imprime définitivement dans notre esprit cette sérennité que l'on ressent au milieu la nature du grand Ouest américain, comme nul autre endroit pareil.

Au loin derrière les montagnes, la Vallée de la Mort.
A quelques km de la Vallée de la Mort, on peut encore trouver de l'eau liquide ... mais pas pour longtemps.
Paysage entre Las Vegas et Death Valley.
Derrière ces montagnes jaillit le feu de la Vallée de la Mort.
    Ici, point de frénésie, nous voilà bien loin du tumulte de la ville qui sollicite notre esprit chaque seconde, nous empêchant de réaliser ce à quoi tout voyageur aspire: se poser, seul, au milieu de nulle part, et s'arrêter. S'arrêter pour observer, s'arrêter pour contempler, s'arrêter pour ressentir ce que seule une nature comme celle-ci peut nous offrir: être vivant. On est ici placé dans un contexte où prend place une sorte de tête à tête solennel où plus rien d'autre n'existe autour de nous, et l'on redevient acteur de l'instant présent. On prend alors mieux conscience de soi, des autres, et l'on se sent pousser des ailes, au lieu de courber le dos en passant notre temps à répondre aux stimulis quotidiens du monde urbain.

Panoramique désertique, Nevada.
La fureur des éléments, Nevada.
Douce fin de journée dans le désert du Nevada.

    Sur le chemin, nous croisons une borne automatique délivrant le permis du véhicule pour le parc, valide deux semaines. La nuit tombe, et nous commençons à descendre dans la vallée, quand nous nous inquiétons soudainement de la montée en température de l'air environnant. Les plateaux baignent dans une atmosphère de 25°C environ, et nous nous retrouvons en plein milieu de la Vallée de la Mort par 43°C à 23h00 ! En grands benêts, nous voulons faire du camping (enfin, du sauna pour être exact), et nous dirigeons vers le visitor center de Furnace Creek. Le complexe hôtelier du coin est évidemment complet, mais on nous assure qu'un camping et un autre hôtel sont ouverts à quelques encablures.
  A partir de ce moment, bienvenue dans un univers digne des plus grands polars de Stephen King. Par une nuit noire, le poste de garde désaffecté du camping en question nous indique que celui-ci est fermé depuis déjà trois mois. Quand à l'hôtel de secours, même chose, une pancarte mentionne une fermeture il y a plusieurs semaines. Nous voyons alors un chemin caillouteux avec une lumière au fond et nous engouffrons dans le passage, n'ayant rien à perdre à cette heure tardive. Un motel miteux jaillit de l'obscurité, et nous tentons d'approcher la seule personne visiblement assez folle pour rester dehors par cette chaleur. L'homme, certainement ennivré par l'alcool, nous explique tant bien que mal qu'il s'agit du centre abritant les employés de l'hôtel que nous venons justement de trouver fermé... le doute s'empare de nous. Vient-on de tomber dans un de ces villages reclus dont chacun des habitants protège un terrible secret, comme dans ces films de série B ? Sont-ils entrain de nous mentir, les uns après les autres ? S'apprêtent-ils à nous assomer dans la pénombre et à se débarrasser de nos corps ?
  Sur le chemin du retour, nous croisons un homme suffisamment clairvoyant qui nous renvoie vers le visitor center, où la seule solution conseillée pour cette nuit s'avère être un motel dans une ville en dehors de la Vallée de la Mort, à 80 kilomètres de là. Nous prenons la route du Nord dans une obscurité tellement épaisse, et autour d'étendues si désertiques que les phares de la voiture peinent à donner un visage accueillant au trajet. Tout semble figé sous cette lumière blafarde, et seuls quelques éclairs au loin viennent déchirer les arêtes abruptes des montagnes. Avec Romain comme co-pilote, nous nous attendons chaque instant à voir surgir des formes étranges depuis les bas-côtés, exactement comme dans les films, une nouvelle fois.
  Nous arrivons enfin au motel en question, la température est de nouveau supportable. Je file récupérer les clés au fond du casino voisin (!), et nous voilà prêts pour une bonne nuit de sommeil, avant une bonne journée à suer comme jamais...

    Mercredi 3 Août, c'est parti pour une journée de folie ! Nous grimpons dans la voiture, impatients que nous sommes de découvrir la Vallée de la Mort sous un soleil de plomb. Les kilomètres défilent, tout comme les degrés Celsius. La montée en température est réellement vertigineuse, et a lieu sur de très courtes distances, dès que la pente fait son apparition:

On démarre doucement ...
... puis quelques centaines de mètres plus tard ...

... la température grimpe inexorablement ....

... jusqu'à atteindre la barre fatidique des 50°C...
... et finir par les dépasser: 51°C, record de la journée, et probablement d'une vie !
    Première étape de la Vallée de la Mort: la ville fantôme de Rhyolite. Passée d'à peine 2 habitants en 1904  à plus de 8000 en 1908, la cité a connu un essor grâce au boom des exploitations minières de la région. Cependant, en 1907, une panique bancaire marqua le terme de cette course à l'eldorado, et Rhyolite fut dépeuplée en quelques décennies jusqu'à n'être plus que ruines. Il ne reste plus beaucoup de bâtiments debout à l'heure actuelle si ce n'est quelques murs d'édifices en grande partie démollis par les ravages du temps. A noter qu'un artiste belge, Albert Szukalski, a créé plusieurs oeuvres à l'entrée de la ville dans les années 80, ne manquant pas de conférer un aspect singulier à ce décor déjà hors normes. A découvrir entre autres une barbie en pierres aux proportions démesurées, des fantômes drapés de blancs, penchant angélique des Nazguls du Seigneur des anneaux, un canapé qui ne dénoterait pas au parc Guell de Barcelone, et j'en passe:

Un bon vieux canap' en plein désert, de l'artiste belge Albert Szukalski.
Une grande blonde en plein désert, par l'artiste Albert Szukalski.
Barbie en Lego.
Ma nouvelle acquisition de la Vallée de la Mort, bien entretenue, faible kilométrage, juste le châssis à changer.
Barraquements à Rhyolite, Death Valley.
Un des seuls bâtiments de Rhyolite ayant survécu à l'épreuve du temps est l'école publique. Les banques sont toutes tombées en ruines ... on peut y voir le message que l'on veut.
Vieille boutique abandonnée à Rhyolite, Death Valley.
Musée consacré à l'artiste belge Albert Szukalski.


Wagon de train du début du siècle, village fantôme de Rhyolite, Death Valley.
En pénétrant dans le wagon, on pourrait presque en faire une chambre d'étudiant.
Barraquement, village fantôme de Rhyolite, Death Valley.


Un des derniers vestiges d'une époque révolue, ce fauteuil semblait désespérément attendre la venue d'un visiteur.

En passant un petit coup de peinture il aurait fière allure ... non ?

Epave du désert, Death Valley.
Vous connaissez l'histoire de Sproutch l'iguane ? C'est l'histoire d'un iguane qui, étant dans une ville fantôme, se disait qu'il ne risquait rien à traverser la route ... et Sproutch l'iguane !

Un fantôme et son vélo, près du village fantôme de Rhyolite, Death Valley.


La Scène, le dernier repas de Jésus. Pas drôle le blanc pour les tâches...

De véritables fantômes blafards dans une ville abandonnée, au beau milieu d'un désert sans vie ... et sinon ça bouge dans le coin ?
    En poursuivant notre route vers le Sud, nous passons à travers un désert de dunes: les Mesquite Sand Dunes. Cela parait difficile à croire, mais il y fait plus chaud qu'au beau milieu du désert du Sahara. Le sable est très brûlant, il faut savoir qu'en moyenne en été, le sol de la Vallée de la Mort est plus chaud de 40°C que l'air ambiant, je vous laisse faire le calcul ... 90°C sous la plante des pieds, on ne le supporte pas très longtemps ! Ce décor a servi de lieu de tournage à de nombreux films, entre autres les scènes désertiques de certains Star Wars.

Pas la peine de chercher une plage, on ne trouvera pas une goutte d'eau par ici.
Je lutte contre la chaleur comme je peux, fuck la mode !
    Nous continuons notre périple au coeur de la Vallée de la Mort, avec un petit retour à Furnace Creek, la seule oasis de vie du parc. On y trouve un boutique de souvenirs, une épicerie (fournie en boissons, fort heureusement), un hôtel, un bar, un restaurant, et une station service dont les gérants ont bien su profiter de leur monopole puisque les prix affichés sont en moyenne 50% plus chers que dans le reste du pays. Difficile en effet de trouver d'autres traces du monde civilisé dans ce parc national, le deuxième plus vaste des Etats-Unis (13 600 km carrés). Au niveau des températures, il s'agit du lieu le plus chaud sur terre, en moyenne. Le record absolu est détenu par la Lybie, avec 57,8°C mesurés à El Azizia en 1922, la Vallée de la Mort n'ayant qu'un "petit" 56,7°C en 1913, mais si l'on prend en compte la moyenne des températures sur l'année, il n'y a pas photo. Et dire que j'aurais été à 6,8°C du record de chaleur mondial ...

Désert de Death Valley.
Un gros criquet qui semble affectionner tout particulièrement la voiture.
Vestiges de l'industrie d'exploitation du borax, Death Valley.
Train de marchandises ayant servi lors de l'exploitation du borax et autres minerais, Death Valley.
Ces oiseaux gardaient en permanence le bec ouvert, comme si eux aussi souffraient de l'implacable chaleur du lieu.
Mais comment s'orienter dans ce désert ?
    En traversant la vallée, nous avons pu observer toute une palette de couleurs à Artist's Palette, une formation géologique remarquable dont les teintes sont issues de l'oxydation de métaux présents dans les roches: rouge, rose et jaune pour le fer, vert pour le mica, et violet pour le manganèse.

Artist's Palette, Death Valley.
Artists' palette, Death Valley.
On a beau être en fin d'après-midi, le refroidissement se fait attendre ...

Petite pierre deviendra grande, Death Valley.


Artist's palette, Death Valley.

Artist's palette, Death Valley.
Artist's palette, Death Valley.
Zabriskie point, Death Valley.

    Enfin, dernier point d'intérêt, et pas des moindres: le Badwater Basin. Situé 85 mètres sous le niveau de la mer, cet ancien lac, désormais asséché, offre au visiteur un paysage complètement lunaire. Partie la plus chaude, puisque la plus profonde, de la Vallée de la Mort, l'étendue de sel marque l'entrée dans un monde fantastique. Le soleil se fait plus écrasant, la chaleur plus oppressante, et la progression plus difficile. 

85 mètres sous le niveau de la mer. Sachant qu'à moins de 130kms d'ici on trouve le Mont Whitney qui s'élève à 4400 mètres environ !

    Avec Romain, nous empruntons ce passage depuis la route jusqu'au lac, et un tout autre univers s'offre devant nous. Nous suivons le flots des autres personnes présentes, et nous semblons tous nous diriger, d'un pas lent mais assuré, vers cette vaste étendue brillante, comme si nous arpentions je ne sais quel passage pour un hypothétique purgatoire. Si le Paradis devait exister, non dans son côté idyllique, mais plutôt symbolique, alors Badwater Basin en serait la parfaite représentation sur Terre. La lumière nous aveugle, et le spectacle qui s'offre à nous nous laisse sans voix.

Vision totalement surréaliste à Badwater Basin, Death Valley.


Désert de sel, Badwater Basin, Death Valley.

Badwater Basin, lieu le plus chaud de Death Valley. Prendre la pose au-dessus de cette mer de sel dont le blanc reflète énormément la lumière n'a pas été chose aisée !
Badwater Basin, Death Valley.
Romain et moi à la recherche d'eau ... 
On y a même croisé un oeuf sur le sol. Celui qui l'a cassé ici n'a pas été très malin, le capot de la voiture noire aurait été plus efficace !
Le tout petit panneau blanc au milieu de la paroi rocheuse indique le niveau de la mer. Badwater Basin se trouve 85 mètres plus bas.

    Il est 19h30, et l'heure pour nous de quitter la Vallée de la Mort a sonné. Déroutante, incroyable, fantastique, le site est à visiter absolument. Au moins, on peut désormais relativiser les sécheresses d'été en France ou ailleurs ! La route est encore longue pour sortir du parc, nous offrant une nouvelle fois de superbes points de vue. Ce soir nous dormirons à 200 kilomètres environ de notre prochaine étape, et marquera définitivement notre entrée dans un nouvel Etat: la Californie. En avant pour le pays des bimbos, des stars et du vin ! 

On the road again, again ...
19h30 sous 40°C, il serait temps de remettre une petite laine, c'est que ça se rafraîchit.
En avant pour la Californie: tout droit, Los Angeles !


ON THE ROAD AGAIN !!!!



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